Situé en Wallonie (Belgique), au nord-ouest de la province de Hainaut, le château d’Anvaing était déjà connu à l’époque de la première croisade et on mentionne avec certitude sa présence dès 1127.
On ne possède pas beaucoup de renseignements sur les différents bâtiments qui ont précédé sa reconstruction de 1561 et les profondes modifications qu’on lui a fait subir en 1800. On peut peut encore voir une partie des douves qui ont été transformées en un magnifique étang et imaginer que la reconstruction du nouveau château a vraissemblabement du adopter le plan rectangulaire de l’ancien système défensif.
On sait par contre, que la famille de Roubaix a occupé le château puisqu’on y trouve ses armes sur une des cheminées. Ensuite la famille de Lannoy, vieille famille au service du Roi de France et des Ducs de Bourgogne, s’ y est installé et ses descendants y vivent encore.
La Blanche Dame d’Anvaing mourut. On avait tellement l’habitude de la voir se promener dans le parc avec ses longs cheveux blonds, une longue robe blanche, s’arrêter aux bord des douves pour se mirer un moment dans l’eau, qu’on continua à croire en sa présence. Les matins d’été, ou après l’orage, quand des volutes de vapeur blanche montaient entre les feuillages, il semblait que c’était la silhouette qui ondulait au bord de l’étang. Le Seigneur resta inconsolable.Il avait enlevé le diadème d’or qui ceignait ses cheveux, retiré son alliance et les bagues qui ornaient ses doigts, enroulé soigneusement sa ceinture d’or sertie de pierreries, et enfermé le tout dans un coffret qu il ouvrait parfois quand il était seul. Il ne pouvait pas se défaire de son souvenir, ni vivre avec l’idée qu’elle était morte. Aussi, quand les vapeurs blanche rodaient autour du château, il finissait par croire qu’elle revenait se manifester à lui, et que, peut-être, dans sa longue robe, elle veillait sur lui. En ce temps là, le pape appela les croyants à partir pour la croisade contre les infidèles. Le seigneur convoqua son écuyer. Il lui annonça qu’ils partiraient ensemble et lui donna quinze jours pour les préparatifs. Ensuite, il songea à cacher son coffre, qui renfermait ses chartes, son trésor, et surtout les bijoux de la Blanche Dame. Après avoir beaucoup erré dans le parc, il trouva, en bordure des douves, un endroit qui lui semblait propice et qu’il lui serait aisé de retrouver à son retour. Il pensa qu’il pourrait ne jamais revenir et que le trésor serait ainsi perdu. Comme il avait pleine confiance en son écuyer, la veille de son départ, à la nuit tombée, il lui enjoignit à celui-ci de le suivre avec une bêche. Ensemble, ils enfouirent le trésor et l’écuyer jura de ne révéler la cachette à personne. Si il revenait sans son maître, il aurait pour mission de porter le coffre à Monseigneur l’évêque, à Cambrai, pour qu’il fasse des bijoux l’ornement d’une statue de la madone en longue robe, revêtue des atouts et des bijoux de la Blanche Dame. L’écuyer jura. Après une interminable chevauchée, ils arrivèrent près du pays des infidèles. En cour de route, ils avaient connu la chaleur, le froid, la faim, les nuits passées à la dure ; plusieurs fois, ils avaient du se dégager, l’épée au poing, des embuscades des païens. L’écuyer ne poursuivait plus sa route que par soumission à son maître, dont l’ardeur ne faiblissait pas.
De plus en plus, il doutait du succès de leur équipée, il finissait par se dire : « Pourquoi dois je le suivre, puisqu’il ne pense qu’à mourir ? » Le souvenir du trésor le poursuivait. Qu’en adviendrait-il s’il leur arrivaient à tous les deux de périr ? Plus d’une fois, la témérité du Seigneur les mis dans un mauvais pas. « Avec l’aide de Dieu, on s’en tire toujours, disait-il ». L’écuyer croyait plutôt à la bonne fortune qui les avait favorisés. « Dieu a autre chose à faire, se disait-il, que de venir continuellement au secours de cet enragé. Après tout, s’il veut mourir, Dieu n’a pas de raison de l’en empêché, mais veillera t’il à ce qu’il meurt seul ? ». Un soir, à la nuit tombante, ils se trouvèrent engagés sur une étroite corniche au flanc d’une montagne. La prudence prescrivait de descendre de cheval. Mais le Seigneur, indifférent au danger, continuait à presser sa bête, qui renâclait à la vue du précipice. Soudain, il fit un écart, le sol manqua sous son sabot. Elle culbuta, entraînant son cavalier. Celui-ci, désarçonné resta accroché dans le vide à un arbuste qui se déracina peu à peu, pendant que le cheval s’écrasait dans le précipice avec un long hennissement suivi du bruit mou d’une masse de chair qui éclate. L’écuyer allégua plus tard que son propre cheval, en se cabrant, ne lui avait pas laissé le temps de s’emparer de la corde qui pendait à sa selle. Il survint trop tard au bord du gouffre. Un bruit de racines qui s’arrachent du sol. Un hurlement. Le bruit de ferraille que fit l’armure en se disloquant…L’écuyer compris que ce qu’il avait fini par souhaiter était enfin arrivé. Il n’eut plus d’autre souci que de retrouver le trésor et s’engagea sur la longue route du retour. Revenu au château, après des mois, il raconta ce qui s’était produit, mais se garda bien de parler à quiconque du trésor.
Après tout, le Seigneur d’Anvaing n’avait pris ni le soin, ni le temps de prévenir l’évêque de Cambrai. Rien ne pressait. Des broussailles avaient envahi en masse l’emplacement de la cachette. Celui-ci n’était plus accessibles qu’en barque, en traversant l’étang. Le parjure attendit que le calme fût revenu pour s’approprier le trésor. Un soir de lune, après une chaude journée, il se glissa en barque entre les vapeurs qui montaient des eaux. Il ramait très lentement, sans bruit, comme s’il flottait sur une brume irréelle. D’étranges écharpes le frôlaient. Il fut tenté de faire demi-tour, mais à la pensée du trésor à recouvrer, il tint bon. Les écharpes se faisaient de plus en plus pressantes. Elles l’enveloppaient, s’enroulaient autour de lui. Il dut écarter l’une d’elle de son cou. Il suffoquait. Soudain la Dame Blanche surgit des eaux. Ce fut la dernière vision qu’il eut de ce monde. Le lendemain, on retrouva la barque flottant dans les miroitements du soleil. Toute trace de brume avait disparu. Quand on s’approcha , on vit le corps de l’écuyer gisait au fond de la coque. Des traces rouges marquaient encore son cou, ses mains étaient crispées sous son menton, comme pour essayer de desserrer un étau. Le trésor n’a pas encore été retrouvé. C’est pourquoi sans doute, le fantôme de la Dame Blanche continue a rôder dans le parc, par les nuits chaudes de pleine lune…
Source : http://www.leblogdeletrange.com/fantomes-esprit-demons/le-chateau-danvaing/