Le premier homme contaminé par un virus informatique
27 Mar 2014, 17:39 par damino - 6436 vues - 0 com.
En parvenant à inoculer un virus à son propre implant électronique sous la peau, un informaticien britannique souhaite mettre en garde la communauté scientifique contre les dangers potentiels que recouvre cette technologie.
Le Dr Mark Gasson prétend être le premier homme touché par un virus informatique. Dans le cadre de ses recherches sur les implants électroniques, l'universitaire britannique de Reading s'est en effet lui-même inoculé un virus informatique : il a contaminé la puce sous-cutanée qu'il s'était greffée dans la main gauche un an auparavant. Cette opération de piratage, tout à fait bénigne sur le plan sanitaire, pose d'importantes questions de sécurité concernant l'usage, notamment à des fins médicales, des puces de radio-identification (appelés communément RFID pour Radio Frequency IDentification).
La puce RFID du Dr Mark Gasson est un peu plus sophistiquée que celle que l'on trouve sur les étiquettes dans les magasins, mais son principe de fonctionnement est le même. Elle contient une antenne qui lui permet d'envoyer les informations qu'elle contient et d'en recevoir (généralement des données d'identification accompagnées de quelques données complémentaires). La puce de l'universitaire lui permettait par exemple, outre son utilisation dans ses recherches, de rentrer dans son bâtiment à l'université et de se servir de son téléphone portable.
Nous avions montré que ces technologies implantables s'étaient développés à un point où elles étaient capables de partager, stocker et manipuler des données», explique le chercheur. Rien d'étonnant alors à ce que ces «mini-ordinateurs» puissent être touchés par des virus et capables de les transmettre. En effet, non seulement la puce a été infectée, mais elle a effectivement corrompu le système central avec lequel elle communiquait. Si celui-ci n'était pas isolé, il aurait alors contaminé toutes les puces qui seraient entrées en contact avec lui et l'infection se serait propagée. «Cela donne un aperçu des problèmes que nous pourrions rencontrer à l'avenir», explique le Dr Grasson. L'objectif de l'expérience, dont les résultats complets seront présentés en Australie la semaine prochaine à l'occasion de l'International Symposium on Technology and Society, est justement de mettre en garde contre les dangers potentiels de ces puces afin qu'elles puissent être utilisées en toute sécurité dans le futur.
En 2006 des chercheurs néerlandais avaient déjà créé des puces capables de perturber les systèmes de lecture et d'insérer des informations erronées, voire des lignes de codes malveillantes, dans des bases de données. De son côté le ministère de l'intérieur américain déconseillait la même année l'identification humaine par RFID, jugeant qu'elle «aurait plutôt tendance à accroître les risques en matière de sécurité et de protection des données personnelles».
Cette fois-ci, c'est une véritable menace virale (au sens informatique du terme) qui a été mise en évidence, ainsi que la capacité que pourrait avoir une personne mal intentionnée de perturber le fonctionnement d'un implant sous-cutanée. «J'ai ressenti cette expérience comme une surprenante violation de mon intimité, confie Mark Grasson. L'implant fait partie de moi et pourtant j'étais dans l'incapacité totale de contrôler la situation.»
Source : http://www.lefigaro.fr/sciences-technologies/2010/05/26/01030-20100526ARTFIG00686-le-premier-homme-contamine-par-un-virus-informatique.php