Aleister Crowley : Que la Bête Meure !

par damino - 2611 vues - 0 com.
Mystère, légende, archéologie

L’homme qui aimait à se faire appeler « la Grande Bête 666 » et qui fut surnommé « l’homme le plus diabolique de l’Histoire » était plus qu’un occultiste théâtral : Aleister Crowley est au cœur d’un des mouvements les plus influents des XXème et XXIème siècles. Il avait aussi des liens avec certaines des plus puissantes personnalités mondiales, ayant même travaillé avec les services secrets britanniques (MI-5). Cet article décrit la vie et l’œuvre de l’occultiste Aleister Crowley en examinant ses liens avec l’élite mondiale qui ont contribué à la propagation de la Théléma.

Bien qu’il soit considéré comme l’occultiste le plus influent du XXème siècle et classé par la BBC comme le 73ème « plus grand Britannique de tous les temps », la majorité des gens n’a jamais entendu parler d’Aleister Crowley. Cet occultiste, mystique, et magicien des rituels anglais est incroyablement populaire dans certains cercles (occultistes, artistes, célébrités, etc) mais complètement inconnu du citoyen lambda. Et pourquoi devrait-il être connu ? Qu’a-t-il accompli ? Pour faire simple, il annoncé le changement radical de philosophie qui allait balayer la civilisation occidentale durant le XXème siècle. En fondant la philosophie de la Théléma et en annonçant la venu d’un nouvel éon, Aleister Crowley n’a pas seulement formulé le précepte philosophique majeur du XXIème siècle, il a aussi fait partie du moteur Illuministe qui l’a promue.

A cause des rites sexuels de Crowley, de sa consommation de drogues et de son implication dans la « Black Magick » (il avait ajouté un « k » à la fin du mot anglais pour « magie » afin de la différencier de la magie de divertissement), il fut critiqué et diffamé par la presse pendant toute sa vie. Cependant, des documents déclassifiés révèlent que la « Grande Bête 666 » menait une double vie : Crowley a apparemment entretenu des liens avec le gouvernement britannique et travaillait pour les services secrets britanniques et des membres haut placés du gouvernement américain. L’O.T.O – la société secrète qu’il a popularisée – comptait dans ses rangs les gens les plus influents de l’époque, qui en retour usaient de leur pouvoir afin de poursuivre l’avancement de sa principale philosophie : le Théléma.

Sa Jeunesse


Crowley jeune

Crowley naquit dans une famille religieuse et riche. Ses parents étaient membres de l’Exclusive Bethren, une faction conservatrice de la confession chrétienne du Bethren de Plymouth. Son père, un prêcheur-voyageur de la secte, était particulièrement dévot et on disait de lui qu’il lisait un chapitre de la Bible à son épouse et à ses enfants après le petit-déjeuner[1]. S’il maintenait de bonnes relations avec son père, il méprisait sa mère, qui l’appelait « la bête » – un nom dont il fera son sobriquet à vie.

Après avoir perdu son père mort d’un cancer du poumon lorsqu’il avait 11 ans, il a hérité de la fortune familiale et est allé étudier la littérature anglaise à l’Université de la Trinité à Cambridge. C’est durant ses années d’académie que Crowley commença à nier, voire à se rebeller contre son milieu chrétien. Il remit sérieusement en question la Bible, prit part à des parties fines incluant des prostituées et des filles du coin, et développa un intérêt pointu pour l’occultisme. Autre étape symbolique dans son affirmation personnelle, il changea son nom « Edward Alexander » pour « Aleister ». Voici un extrait de son autobiographie décrivant les raisons de ce changement de nom :

« Pendant de nombreuses années j’ai abhorré de me faire appeler Alick, en partie à cause du son et de l’écriture déplaisants de ce mot, en partie parce que c’était le nom par lequel ma mère m’appelait. Edward semblait ne pas me convenir, et les diminutifs Ted ou Ned semblaient encore moins appropriés. Alexander était trop long et Sandy impliquait des cheveux clairs et des taches de rousseur. J’avais lu dans je-ne-sais quel livre que le meilleur nom pour devenir célèbre était un dactyle suivi d’une spondée, comme à la fin d’un hexamètre : comme Jeremy Tailor. Aleister Crowley remplissait ces conditions et Aleister était la forme gaëlique d’Alexander. L’adopter était satisfaire mon idéal romantique. L’atroce épellation A-L-E-I-S-T-E-R fut suggérée par Cousin George, qui aurait dû trouver mieux. Dans tous les cas, A-L-A-I-S-D-A-I-R fait un bien mauvais dactyle. Pour ces raisons je m’accomodai de mon présent nom de guerre – je ne puis dire que je sois sûr que cela facilita la conquête de ma renommée. J’aurais sans doute dû, peu importe le nom choisi.[2] »

Peut-être que les expériences les plus significatives de la jeunesse de Crowley furent ces relations homosexuelles qui, selon sa future biographe Lawrence, l’ont amené à une « rencontre avec une déité immanente ». Cela déclenchera en lui un intérêt particulier pour l’occultisme, les sociétés secrètes et, plus spécifiquement, ce qu’il appellera plus tard le « Sexe Magick ».

Sociétés Secrètes


Crowley en apparat de magicien

La vingtaine bien entamée, Crowley a rejoint beaucoup de groupes ésotériques où soit il montait les échelons avec l’admiration de tous, soit il était méprisé et expulsé. Inspiré par le livre d’Arthur E. Waite, Le Livre de la Magie Noire et des pactes, Crowley rejoignit l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée – connue sous le nom de « Grande Fraternité Blanche » – en 1898. Elle comptait parmi ses membres l’élite et les gens influents de la société de l’époque. On l’initia ensuite à la magie cérémoniale et à l’usage rituel des drogues.

En 1899, il devint, selon la rumeur, membre du couvent de sorcières de Old George Pickingil. Cependant, il n’y fut pas très longtemps le bienvenu en raison de son attitude irresponsable et de ses inclinations homosexuelles (qui étaient choquantes à l’époque, même par les sorcières). La prêtresse de son couvent l’a plus tard décrit comme « un petit monstre vicieux à l’esprit sale enclin à faire le mal ! »[3].

Crowley devint aussi un franc-maçon de haut-rang, joignant plusieurs loges et acquérant plusieurs degrés maçonniques. Dans son autobiographie, il décrit l’obtention du 33ème (et dernier) degrés du Rite Ecossais :

« Don Jesus Medina, un descendant du grand duc des temps glorieux de l’Armada, et un des plus grands chefs du Rite Écossais. Mon savoir cabalistique étant déjà suffisamment profond selon les critères en vigueur, il m’a pensé suffisamment valeureux pour la plus haute initiation qu’il était en mesure de conférer ; on obtint des pouvoirs spéciaux en vue de mon séjour limité, on me fit monter en grade et je fus admis au 33ème et dernier degrés avant de quitter le pays »[4]

Avec l’aide de l’auteur franc-maçon important John Yarker, il obtint d’autres degrés importants dont le 3ème Français par la Loge anglo-saxonne numéro 343, le 33ème du Rite Ecossais « de Cerneau », et les 90/95ème du Rite de Memphis/Mesraïm[5]. Si l’on en croit la Grande Loge Unie d’Angleterre en revanche, dont la reconnaissance définit en général les normes de validité parmi la franc-maçonnerie, aucun de ces organes maçonniques n’était considéré régulier et Crowley ne fut jamais un franc-maçon « officiel ».

« Le Livre de la Loi », La Théléma, et les Éons d’Horus

En 1904, Crowley et sa nouvelle femme Rose visitèrent l’Egypte pour leur lune de miel. C’est durant ce voyage qu’il a écrit le Liber Legis, le Livre de la Loi, qui devint la pierre angulaire de sa vie.

D’après son propre compte-rendu, la femme de Crowley l’a conduit dans un musée du Caire où elle lui a montré une stèle mortuaire datant du septième siècle av. J.C., connue comme « la Stèle d’Ankhefenkhonsou » (plus tard appelée « Stèle Révélatrice»). Crowley fut stupéfait par le numéro d’exposition : 666, le nombre de la Bête dans le Livre de la Révélation.


La stèle de la Révélation, expose le nombre 666

Au cours de la suite de leur séjour égyptien, Crowley et Rose prirent part à un rituel magique durant lequel il prétendit avoir reçu un message d’une entité nommée Aïwass. Après cette communication, Crowley écrivit les trois premiers chapitres de son Livre de la Loi – un texte mystique qui, croyait-il, allait un jour révolutionné le futur de l’humanité.

« Il a annoncé l’avènement d’une nouvelle ère dans laquelle Crowley est devenu le prince-prêtre d’une nouvelle religion, l’Age d’Horus. Il devait tisser un lien entre l’humanité et la force spirituelle solaire, pendant laquelle Horus présiderait l’évolution de la conscience mondiale pour les deux mille ans à venir.

Le message d’Aiwaz, considéré par Crowley comme son ange gardien personnel, l’a convaincu que sa mission dans la vie était de porter le coup de grâce à l’Age d’Osiris, avec son extension la plus moribonde : la foi chrétienne, et de construire sur ses ruines une nouvelle religion basée sur la Théléma – « la volonté », en grec. »[6]


Couverture du Livre de la Loi

« Had ! La manifestation de Nûit,
Le dévoilement des compagnons du paradis,
Chaque homme et femme est une étoile,
Chaque nombre est infini ; il n’y a aucune différence,
Aide-moi, ô guerrier, seigneur de Thèbes, pour mon dévoilement devant les Enfants des hommes !

- Les lignes d’ouverture du Livre de la Loi »

« Le Livre de la Loi fut décrit par ses adeptes comme « le réceptacle de formules d’envergure cosmique, certaines exprimées ouvertement, certaines voilées derrière les plus épaisses toiles de cryptographie cabalistique jamais tissées autour d’un texte ». « Ce n’était pas non plus une simple œuvre « d’écriture automatique » », disait Crowely, « mais un message très précis d’une forme d’intelligence aux pouvoirs et connaissances suprahumains, d’une sorte de source extraterrestre transcendantale », une des vrais maîtres dissimulés dans l’ombre qui se manifesteraient à lui par la suite. »[7]


Représentation d’Aiwass par Aleister Crowley

Selon Kenneth Grant, le protégé de Crowley, quiconque possède la capacité de comprendre le langage symbolique « sera abasourdi par la précision du résumé de l’esprit qui animera cet éon »8. En d’autres termes, tout comme la Bible a dominé la civilisation occidentale durant les deux derniers millénaires, la Théléma décrirait l’esprit des deux prochains milliers d’années.

« Dans l’Eon d’Horus, l’approche dualistique de la religion sera transcendée à travers l’abolition de la présente notion d’un Dieu externe à soi-même. Les deux seront unis. « L’Homme ne vénèrera plus Dieu tel un facteur externe, comme dans le paganisme, ou tel un état interne de conscience, comme dans le christianisme, mais il se rendra compte de son identité avec celui-ci. » Le Nouvel Éon d’Horus, basé sur l’union des polarités masculines et féminines, comprendra l’usage magique de semence et d’ecstasy, culminant dans une apothéose de matière – « dans l’accomplissement de la vieille doctrine gnostique qui veut que l’Esprit et la matière ne fasse qu’un et non deux » – symbolisé par l’androgyne Baphomet des Templiers et des Illuminatis.» [9]

Le Livre de la Loi constitua la base de la Théléma, qui s’articulait autour de trois lois philosophiques clés :

1. Fais ce que tu souhaites devra être la loi complète;
2. L’amour est la Loi ; l’Amour sous la volonté ;
3. Chaque homme et chaque femme est une étoile.


L’hexagramme unicursal, principal symbole de la Théléma

Il est largement répandu que « fais ce que tu souhaites » parle de volonté immédiate, et donc d’une quête égoïste pour la satisfaction et le plaisir immédiats. Cependant, les initiés à cette philosophie ne sont pas d’accord avec l’interpétation de cette axiome car ils le croient conçu afin d’être interprété à un niveau métaphysique. « Théléma » signifie « volonté » en grec. Le principal but de cette philosophie est la réalisation de la Vraie Volonté de chacun, qui est décrite comme « la plus noble mission » ou le but de chacun dans la vie, sans préoccupations pour la morale ou l’éthique.

« Il n’y pas de « normes du bien ». La morale, ce n’est que des balivernes. Chaque Etoile doit suivre sa propre orbite. Au diable les « principes moraux », il n’existe rien de tel. »[10]

Crowley plaça ses enseignements dans son tout nouveau A.’. A.’. (Argentum Astrum, c’est-à-dire l’Etoile d’Argent), un ordre magique destiné à succédé à feu l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée. Afin de générer l’intérêt pour son ordre, il publia également L’Equinoxe – un journal de l’illuminisme scientifique (un terme emprunté au livre d’Adam Weishaupt, L’Ordre des Illuminatis) où il divulgue des techniques et rituels ésotériques. Sa future œuvre intitulée Le Livre des mensonges attira l’attention du chef de l’Ordo Templi Orienti (O.T.O.), Theodor Reuss, qui en fit bientôt un Grand Maître et initié de son ordre. La raison d’une telle reconnaissance : son savoir concernant la magie sexuelle.

L’O.T.O. et la Sex Magick


Crowley en tant que « Grand Baphomet » de l’O.T.O.

Le système magique et initiatique de l’O.T.O. comprenait dans ses cours les plus secrets un programme d’enseignement de la sex magick. On peut d’ailleurs remarquer que le sigle de l’ordre a une forme plutôt phallique. La sex magick est l’utilisation de l’acte sexuel, ou des passions et de l’excitation qu’il suscite, comme un point dans lequel concentrer la volonté ou le désir magique dans le monde non-sexuel. En cela il ressemble à la « force vitale » ou au « kundalini ». A travers l’usage rituel de techniques sexuelles, inspirées par les écoles Tantriques orientales, l’initié peut utiliser l’immense potentiel de l’énergie sexuelle pour atteindre de plus hautes dimensions spirituelles.

« L’ordre a redécouvert le grand secret des Chevaliers Templiers, la magie du sexe, qui n’est pas seulement la clé pour accéder à la tradition hermétique d’Ancienne Egypte, mais aussi à tous les secrets de la nature, au symbolisme franc-maçonnique et à tous les rouages de la Religion. »[11]

Pour mettre en route « les forces occultes d’où résulterait l’llumination de tous au début des années 2000 », Crowley devint convaincu que sa mission était de « libérer le monde de toutes les formes de répressions sexuelles ». Pour y arriver, il se décida à étudier chaque comportement sexuel et ramena chaque pulsion sexuelle à la zone de la conscience rationnelle. Pour parvenir à ses fins, il fit quelques expériences en états de conscience altérés, en utilisant cocaïne, haschisch et opium.

Par la suite Crowley introduisit (non sans protestation) les pratiques homosexuelles de sex magick dans l’O.T.O. comme un des plus hauts degrés de l’Ordre car il croyait qu’il s’agissait là des plus puissantes formules12. Il était clair que Crowley ressentait les accusations de sodomies et d’orgies avec des femmes qui ont frappé les Templiers comme étant fondées sur ce fait, mais qu’elles ne furent pas comprises par leurs détracteurs.

Crowley gardaient également avec lui quelques exemplaires de « Femmes Ecarlates » : la plus connue d’entre elles était Leah Hirsig, habituellement nommée « la guenon de Thoth ». Ensemble, ils s’offraient des séances de soûleries, des drogues et du sex magick. On croit que Crowley a fait quelques tentatives avec plusieurs de ces femmes afin de concevoir un « Enfant Magick » (voir Rosemary’s baby, de Roman Polanski), qui se soldèrent tous, semble t-il, par un échec. A la place, il a fictionnalisé ses tentatives dans un livre appelé Moonchild [« l’enfant de la lune »].


La couverture de Moonchild par Aleister Crowley

Dans la Théléma, la « Femme Ecarlate » est associée à Babalone – la Grande Mère, la Mère des Abominations citée dans le Livre de la Révélation. Crowley et ses protégés feront beaucoup d’expériences avec ce concept.

Agent Secret 666

Lorsque la presse s’empara des cabrioles de Crowley, il devint un infâme magicien noir, un sataniste, un accro aux drogues et fut surnommé « l’homme le plus diabolique de l’Histoire ». Cependant, des documents déclassifiés révèlent que cela n’empêcha pas les services secrets britanniques de l’engager en tant qu’agent. (Ce n’était pas la première fois que la couronne britannique faisait appel aux services d’un occultiste reconnu ; un exemple célèbre d’une telle coopération peut se voir dans le lien qu’entretenait John Dee avec Elizabeth I).

Le travail le plus significatif à propos de la carrière d’espion de Crowley est le livre de Richard B. Spence, Agent 666. En utilisant des documents glanés d’archives britanniques, américaines, françaises et italiennes, Agent 666 fait des révélations fracassantes sur le rôle qu’aurait joué Crowley dans le sabotage du Lusitania, un plan pour renverser le gouvernement espagnol, un plan pour contrecarrer les conspirations nationalistes indiennes et irlandaises, et la vol de Rudolf Hess en 1941.


Couverture d’Agent 666 de Spence

Durant ses recherches, Spence découvrit un document du MID (une ancienne branche de l’armée américaine) soutenant la propre affirmation de Crowley d’avoir été un espion :

« Aleister Crowley était un employé du gouvernement britannique… dans ce pays en mission officielle, de laquelle le consul britannique de New York avait pleine connaissance. »[13]

Selon Spence :

« Crowley était un amateur de psychologie et un expert dans le domaine, avait l’étrange capacité d’influencé les gens et avait probablement utilisé la suggestion sous hypnose durant son travail sous couverture. L’autre chose dont il faisait très bonne utilisation, c’était la drogue. A New-York, il effectua plusieurs recherches détaillées sur les effets de la mescaline (peyotl). Il a invité pas mal d’amis pour un dîner, leur a préparé un curry avant de verser une dose de mescaline dedans. Ensuite il observa, et prit des notes sur leur comportement. La mescaline fut plus tard utilisée par les services secrets pour des expériences concernant les modifications du comportement et le contrôle de l’esprit.[14] »

Durant la seconde guerre mondiale, Crowley devint l’éditeur d’un magazine pro-allemand nommé The Fatherland (« la Patrie ») dans lequel il publia des articles anti-britanniques incendiaires. Il prétendit plus tard que ces articles étaient si absurdes, si incongrus, qu’il finiraient par servir la cause britannique. Il proposa aussi bon nombre d’idées afin d’aider les Alliés dont beaucoup furent rejetées. L’une d’entre elles, bien qu’initialement écartée, fut par la suite mise en œuvre. Cela consistait à lâcher des pamphlets occultes dans la campagne allemande qui prédisent des issues terribles à la guerre et qui dépeignent la chefferie Nazie comme satanique. Son expertise en communication, propagande et gestion de l’opinion publique seront ensuite utilisée pour faire de sa Théléma une force majeure dans la culture populaire actuelle.

Protégés Importants

En tant que chef de l’O.T.O en Californie, Crowley fut le tuteur de beaucoup d’individus qui eurent un grand impact sur la société américaine. L’un d’entre eux était Jack Parsons.


Jack Parsons

Jack Parsons était un chercheur américain en propulsion spatiale au California Institute of Technology. Il était l’un des principaux fondateurs du Jet Propulsion Laboratory et de l’Aerojet Corp. Il fit figure de pionnier dans ses recherches sur les fusées aux Etats-Unis, même chose concernant son travail sur le développement de l’essence solide et de l’invention des unités JATO (« décollage assisté par réaction ») pour les avions qui furent d’une importance capitale afin de débuter l’ère spatiale de l’humanité. L’ingénieur réputé Theodore von Kàrmàn, ami et bienfaiteur de Parsons, a déclaré que le travail de Parsons et de ses pairs ont aidé à nous faire entrer dans l’ère du voyage spatial. En fait, le cratère de Parsons, situé sur la face cachée de la lune, est nommé d’après lui.

« Il (Jack Parsons) a été décrit comme « l’individu seul qui a le plus contribué à l’ingénierie aérospatiale » et comme quelqu’un « qui a agi en fonction a des ordres tenus secrets du gouvernement américain »[15]

Secrètement, Parsons était profondément ancré dans l’occultisme et devint un membre de premier ordre de l’O.T.O., où il participait à des séances de sex magick plutôt extrêmes :

« Parmi les multiples partenaires sexuels de Parson, il y avait sa propre mère (leurs rencontres incestueuses étaient filmées). Mère et fils, les deux s’engagèrent dans la bestialité et semblent avoir été parmi ces espèces de psychotiques qui peuvent fonctionner normalement en public et maintenir une emprise d’autorité sur les autres. [16] »

En 1942, Parsons fut nommé à la tête de la Loge d’Agapé de l’O.T.O. par Aleister Crowley. Comme lui, il était obsédé par l’idée de créer un « enfant magick » avec Babalone ou une Femme Ecarlate.

« Le but de Parsons a été sous-estimé. Il cherchait à concevoir un enfant magick qui serait le produit de son [de Babalone, ndlr] environnement plutôt que de son hérédité. Crowley lui-même décrit l’enfant magick en ces termes précis dans Moonchild. La Machinerie de Babalone elle-même n’était qu’une préparation à ce qui était à venir : un messie Thélémique.[17] »


Parsons avec des compagnons membres de la Loge d’Agapé

Il n’y avait aucune séparation claire entre la vie professionnelle et la vie occulte de Parsons. En fait, il était connu pour réciter le poème de Crowley, Hymne à Pan, avant chaque test de fusée :

« Frissonne avec la souple envie de lumière,
O homme ! Mon homme !
Viens, sors de la nuit à toute allure,
Celle de Pan ! Io Pan !
Io Pan ! Io Pan ! Viens d’outre les mers,
De Sicile et d’Arcadie !
Errant comme Bacchus, avec faunes et léopards,
Et des nymphes et des satyres pour gardes,
Sur une croupe d’un blanc laiteux, vient d’outre les mers,
A moi, à moi,
Viens avec Appolon en robe nuptiale,
(Bergère et Pythie)
Viens avec Artémis, celle qui est chaussée de soie,
Et lave ta cuisse, beau dieu,
Dans la lune des bois, sur le mont de marbre,
L’aube couverte de rides de la fontaine d’ambre !
Baisse le pourpre du prêtre rempli de passion,
Dans l’autel cramoisi, le piège écarlate,
L’âme qui apeure dans des yeux bleutés,
Pour observer la gratuité de ton maléfice suintant à travers,
Le bosquet égaré, le tronc noueux,
De l’arbre vivant qui est l’esprit et l’âme,
Et le corps et le cerveau – vient d’outre les mers,
(Io Pan ! Io Pan !)
Diable ou Dieu, à moi, à moi,
Mon homme ! Mon homme !
Viens avec des trompettes au son strident,
Au-dessus de la coline !
Vient avec des tambours lentement grommelant,
De la rivière !
Viens avec flûte et pipeau,
Suis-je mûr ?
Moi, qui attends, qui lutte et me tends,
Avec un air qui n’a aucune branche pour nicher,
Mon corps, habillé d’étreintes vides,
Fort comme un lion et pointu comme un croc d’aspic,
Viens ! Oh viens !
Je suis paralysé,
Par l’envie solitaire de la diabolité,
Pousse l’épée à travers l’entrave irritante,
Toute dévoreuse, toute créatrice,
Donne-moi un signe de l’œil Ouvert,
Et l’érection symbolique de la cuisse épineuse,
Et le mot de folie et de mystère,
O Pan ! Io Pan !
Io Pan ! Io Pan Pan ! Pan, Pan ! Pan,
Je suis un homme,
Fais ce que tu souhaites,
Comme un grand Dieu peut le faire,
O Pan ! Io Pan !
Io Pan Io Pan Pan ! Je suis éveillé,
Dans la prise du serpent,
L’aigle l’entaille avec bec et ongles,
Les Dieux se retirent,
Les grandes bêtes viennent, Pan ! Je suis né
Pour la mort sur la corne,
De la licorne,
Je suis Pan ! Io Pan ! Io Pan Pan ! Pan !
Je suis ton compagnon, je suis ton homme,
Chèvre de ton troupeau, je suis or, je suis dieu,
Chair sur tes os, fleur sur ta tige,
Avec des sabots de métal je cours sur les rochers,
A travers le solstice acharné à l’équinoxe,
Je m’extasie ; et je viole et j’arrache et je déchire,
Eternel, monde sans fin,
Mannequin, demoiselle, ménade, homme,
Dans la puissance de Pan.
Io Pan ! Io Pan Pan ! Pan ! Io Pan !

- Hymne à Pan, par Aleister Crowley.

Parsons s’est plus tard associé à un individu qui aura une influence énorme : L. Ron Hubbard, l’homme qui fondera l’Eglise de Scientologie.


L. Ron Hubbard

Parsons se prit d’affection pour Hubbard, qui était à l’époque un capitaine dans la marine américaine (« U.S. Navy ») et l’a initié aux secrets de l’O.T.O. :

« Dans un communiqué de 1946 adressé à Crowley, Parsons écrit : « il y a environ trois mois j’ai rencontré le capitaine (de marine) L. Ron Hubbard… Bien qu’il n’ait aucun entraînement soutenu à la Magick, il a une extraordinaire expérience et faculté de compréhension dans le domaine… Il est la personne la plus thélémique que je n’aie jamais rencontré et en complet accord avec nos principes. Il est également intéressé par l’établissement du Nouvel-Éon… Nous mettons en commun nos ressources dans un partenariat qui agira comme une société limitée afin de contrôler notre affaire entreprise.[18] »


Morceau d’un article de 1969 sur la relation entre Hubbard et Crowley

L’Eglise de Scientologie de Hubbard est aujourd’hui une secte très influente et bien financée qui compte dans ses rangs plus de 8 millions de personnes, dont des célébrités au visage connu comme Tom Cruise, Will Smith, John Travolta et Lisa Marie Presley.

Culture Populaire

Même si Crowley est mort sans un sou, en se battant contre son addiction à l’héroïne, son héritage est tout simplement colossal. L’impact de Crowley sur la culture populaire actuelle est remarquable sur bien des plans, que ce soit à travers des références directes ou des œuvres inspirées de la Théléma.

Les exemples les plus évidents de l’influence de Crowley sur la culture populaire sont les références faites par les stars du rocks énamourées par sa philosophie et sa personnalité, tels que les Beatles et Jimmy Page.


Crowley sur la couverture d’un album des Beatles, Sgt. Pepper’s lonely hearts club band.


Jay-Z portant un haut avec la citation la plus célèbre de Crowley : « Do what thou wilt » (« fais ce que tu désires »)

Crowley a aussi inspiré beaucoup de personnages de film, ce qui inclut Le Chiffre – le principal antagoniste de Casino Royale, de Ian Fleming et le sorcier sataniste Adrian Marcato dans Rosemary’s Baby. Aujourd’hui, des références à Crowley et sa Théléma peuvent se trouver dans des endroits étranges tels que le dessin animé Yu-Gi-Oh ! où un des personnages de la série est nommé « Alister » en son honneur. Ce personnage porte sur son front « Le Sceau d’Orichalque », copie conforme de l’hexagramme unicursal de Crowley.


Alister portant l’hexagramme unicursal sur son front

Au-delà des références directes, un analyste habile peut détecter l’influence de la philosophie thélémique de Crowley et de sa vision d’un Nouvel Eon dans les innombrables produits médiatiques destinés à la masse. En fait, d’importants membres de l’O.T.O. étaient (et sont toujours) lourdement impliqués dans la production de films hollywoodiens, plaçant dans les intrigues des principes thélémiques. La science-fiction est un genre privilégié pour exposer aux spectateurs ces programmes prédictifs.

« L’O.T.O. a commencé d’engendrer des histoires pour des produits artistiques de masse, en particulier la science-fiction, avec des thèmes occultes, subliminaux, publiés dans des livres et magazines à succès. Parmi les grandes références, citons En Terre étrangère de Robert Heinlein, Fusée à la morgue de A. H. White, La Sentinelle d’Arthur C. Clarke mentionné ci-dessus ou Les Enfants d’Icare, du même auteur.

(…) Par le biais de ce genre émergent qu’était la science-fiction, l’O.T.O. fut en mesure de former une vision de l’Amérique à travers la programmation prédictive, qui envisage « un futur inévitable », influant ainsi tout, de l’architecture de nos villes au design de nos automobiles et de ce qui constitue « le progrès et la libération » dans le futur. (…)

La capacité de l’O.T.O. à transformer l’Amérique résidait dans ce lien arrogant qui s’étendait entre la science et la science-fiction, façonnant les médias et la médecine à leur image et à leur gré, créant une nouvelle religion « thélémique » pour la masse. [19]»

En Conclusion

Aujourd’hui, Crowley est soit vu comme un génie mystique incompris ou un charlatan dépravé, le prophète d’une ère d’illumination spirituelle ou un annonceur satanique de l’Antéchrist, un acteur de la libération sexuelle de l’humanité ou un pédéraste accro à la drogue. Est-ce que ses visions spirituelles étaient réelles ou a-t-il réussi à rouler des milliers de fidèles ? Répondre à cette question aujourd’hui est hors de propos. Jeune, Crowley souhaitait devenir une célébrité et changer le cours de l’Histoire et, à sa manière, il a atteint les deux objectifs. Non seulement le personnage étrange qu’il était l’a transformé en une sorte d’icône mythique, mais ses travaux philosophiques et ésotériques agissent de nos jours comme une force majeure qui influence le courant principal de la culture, des valeurs et de la spiritualité.

Contrairement à beaucoup de figures historiques qui ont perdu de leur pertinence à mesure que les années passaient, l’influence de Crowley est allée croissant au XXIème siècle. Ce n’est pas uniquement le résultat de la chance ou d’une évolution naturelle, cependant. Crowley et son O.T.O. ont maintenu des liens tant avec des membres hauts placés du gouvernement britannique et américain, qu’avec des figures de science, de loi et de culture. L’élite mondiale, dominée par les valeurs Illuministes, est en parfait accord avec la Théléma de Crowley. Ces connections ont facilité la dissémination et l’acceptation de ces travaux dans la culture populaire. Crowley n’a pas seulement prédit l’abandon par la société des religions traditionnelles et l’adoption de l’Eon d’Horus, il fut parmi les rouages qui permirent à ces changements de se produire. Sa vision d’un Nouvel Eon coïncide aussi avec le vieux plan Illuminati d’un ordre mondial séculaire dirigé par une élite « éclairée ». Les termes peuvent être différents, mais le fond de philosophie hermétique est le même. Disons que Crowley et l’Establishment voient le sujet « d’œil à œil »… Et cet œil, c’est l’Oeil d’Horus.

Source : http://www.nouvelordremondial.cc/2012/02/08/aleister-crowley-ses-liens-avec-lelite-et-son-heritage/

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