La CIA et le trésor de guerre japonais
Les Américains ont-ils financé des opérations anticommunistes avec le fruit de pillages japonais intervenus durant la Seconde Guerre mondiale ? Récit d'une rocambolesque chasse au trésor lancée dans les années 80.
|
Début 1987 - soit environ un an après l'arrivée au pouvoir de Cory Aquino, qui mettait fin aux années de la dictature Marcos -, l'ancien général américain John Singlaub arrive à Manille. Longtemps chargé des "opérations spéciales" de la CIA en Asie, cet homme ambigu a demandé des permis de fouilles pour deux cent neuf sites disséminés aux Philippines. Objectif : retrouver le trésor de guerre dit "de Yamashita'", du nom d'un général japonais exécuté en 1946 pour crimes de guerre.
Dès la fin des années 30, en effet, l'armée de l'empereur Hirohito a entamé un pillage systématique des zones conquises en Asie du Sud-Est et en Chine : baptisée pudiquement "Lys d'or", l'opération a permis de constituer un formidable butin, composé d'or en pépites et en lingots, de bijoux et d'oeuvres d'art. Lors de l'occupation de la Chine, les soldats nippons ont mis à sac temples, banques et résidences privées. Mais après la défaite du Japon, on ignore ce qu'il est advenu du fruit de cet immense pillage, malgré plusieurs hypothèses. Le trésor aurait été caché dans des galeries souterraines, en diverses îles de l'archipel philippin. Une partie a pu être mise en sûreté par deux yakuzas notoires, qui l'auraient ensuite confiée aux Américains - en échange de leur impunité.
|
Vainqueur du Japon, puis chef des forces d'occupation en Asie, le général MacArthur avait-il conclu des accords secrets pour que l'or dérobé serve à financer la lutte contre l'URSS, la Chine communiste, ainsi que tout groupe ou régime suspect de sympathies pour ces deux puissances ennemies ?
En clair, le trésor de Yamashita fut-il le nerf de la guerre froide ? Pour tenter de démêler le mythe de la réalité, ce film suit l'équipée parfois rocambolesque de John Singlaub, donne la parole à des témoins oculaires de l'époque et laisse surtout une large place aux historiens qui, depuis 2005, ont eu accès à des archives déclassifiées, notamment aux États-Unis.
Source : http://www.arte.tv/fr/histoire-societe/1941278.html