Une comète a l'origine d'une famine au VI° siècle ?

27 Mar 2014, 22:18 par damino - 2245 vues - 0 com.

Univers, étoile

Hier, je vous faisais part d’une hypothèse plutôt audacieuse qui avait pour but d’expliquer la chute de certaines civilisations antiques par le biais d’une irruption volcanique, plus précisément celle du Krakatoa. Si celle-ci, à elle seule, pouvait paraître incroyable, en voici une autre, qui, à priori, parait encore plus tirer par les cheveux et que je vous propose uniquement dans le but de vous donner deux explications éventuelles (mais pas forcement réelles) et catastrophistes de la chute de quelques empires. Personnellement, j’avoues que je suis un peu perplexe, en particulier avec la chute de l’astéroïde, cependant, tant que l’on ne prouvera pas que ces hypothèses soient fausses, pourquoi les rejeter :

Il y a 1500 ans, précisément en 536 de l’ère commune, une catastrophe de première grandeur frappa la Chine, l’Eurasie et l’Europe, entraînant une famine dévastatrice qui fut suivi d’une épidémie de peste dite Justinienne. De nombreuses chroniques du VIème siècle narrent ces événements, décrivant la chute de la luminosité solaire, la chute des températures, des brouillards ou brumes sèches (poussières), ainsi que de mauvaises récoltes et famines en Chine et en Europe. Depuis des décennies, les chercheurs hésitaient entre deux explications : une éruption volcanique ou un impact de météorite/comète.

Cassiodore:
« Nous observons tous, pour ainsi dire, un soleil de couleur bleue ; nous nous émerveillons des corps qui ne projettent pas d’ombre à midi, et à cette force de la plus intense chaleur atteignant une tiédeur extrême et lourde … Nous avons donc eu un hiver sans tempête, un printemps sans douceur, un été sans chaleur … Les saisons ont changé en ne réussissant pas à changer ; et ce qui avait l’habitude d’être réalisé par des pluies mélangées ne peut être obtenu par la sécheresse seule. »

Procope de Césarée:
« Et il arriva cette année-là qu’un signe des plus redoutés eut lieu. Car le Soleil donnait sa lumière sans éclat, comme la Lune, durant toute l’année, et cela ressemblait excessivement au Soleil lors d’une éclipse, car les rayons qu’il jetait n’étaient pas clairs, ni comme à l’habitude. »

Jean d'Ephèse:
« Le Soleil était sombre et son obscurité dura dix-huit mois ; chaque jour il brillait environ quatre heures ; et cette lumière n’était toujours qu’une ombre faible … les fruits ne mûrissaient pas et le vin avait le goût de raisins amers À la suite de cette obscurité inexplicable, les récoltes furent mauvaises et la famine frappa. Et ensuite, la pestilence. »

Cette « pestilence » qui ravagea l’Europe, réduisit d’un tiers la population de l’empire byzantin, à titre d’exemple, les quatre cinquièmes des citoyens de Constantinople moururent de cette peste, s'étendant de la Chine à la Grande-Bretagne.

Depuis une dizaine d'année l'Hypothèse d'un impact est privilégiée

Dès 1995 et 1999, Mike Baillie, un historien irlandais de la Queen's University à Belfast, spécialiste en dendrochronologie a suggéré une catastrophe de type cosmique entre 536 et 545 E.C. , il suggérait déjà un impact de comète. En 2004, Les astronomes de l'université de Cardiff dont le docteur Derek Ward-Thompson, soutiennent qu’au VIe s. EC la chute d'une comète sur la Terre aurait pu provoquer un "hiver nucléaire". Les effets d'un tel désastre pendant l'époque médiévale auraient provoqué une augmentation des gelées en été et la famine. Les spécialistes se sont basés sur l'analyse des cercles de croissances des arbres (dendrochronologie) d’Irlande, de Suède, de Finlande, de Californie et du chili, qui indiquent une série d'étés particulièrement froids entre 536 et 540. Pour l'équipe de Cardiff, la comète n'aurait jamais touché le sol, mais aurait plutôt explosé dans l'atmosphère. Les débris de l'explosion auraient enveloppé la planète et, en bloquant les rayons solaires, auraient donc fait tomber les températures. Toutefois, si la dendrochronologie corroborait les textes anciens sur une perturbation brutale du climat brutale à partir de 536 de notre ère, l’absence d’indice de surplus de CO2 dans les cercles de croissance des arbres ne suffisait pas à invalider l’hypothèse volcanique. D’après les travaux de Dallas Abbott, spécialiste en géophysique et géologie marine ainsi que des impacts météoriques, chargée de recherche à l’Observatoire Lamont-Doherty de l’université Columbia (New York), présentés à la conférence annuelle de l’American Geophysical Union à San Franscico en décembre 2008, l’hypothèse de l’impact serait confirmée.

Des sphérules vitreuses, Preuves d'un impact multiple

La découverte de nombreuses sphérules vitrifiées dans les carottes de glace prélevées au Groenland, datées de 536 a permit à l’équipe d’Abbott d’établir un lien direct avec un impact à cette période. En effet, bien que d’une chimie différente de celle d’une météorite, il s’agit d’éjectas de matière terrestres (verre, magnétite, quartz) vitrifiés par l’énergie cinétique dégagée lors des impacts. La présence de ces sphérules dans différentes strates de glace laisse aussi présager non pas un, mais de multiples impacts en chaîne d’une comète. Hypothèse s'appuyant sur l’observation de la comète Shoemaker-Levi percutant Jupiter en 1994. De plus l'équipe a identifié deux cratères sous-marins dont la datation pourrait correspondre avec cette catastrophe. Le premier cratère, est situé dans le golfe de Carpentarie en Australie, un objet de 640 mètres de diamètre en serait responsable, le second, de taille plus réduite, est au large de la Norvège en Mer du nord. La découverte de micros fossiles marins avec les sphérules permet d'établir que les impacts furent Océaniques ou maritimes. Au cours de la conférence Mme Dallas Abbott a aussi présenté la découverte d'un impact au large de Rhodes Island ayant entraîné un tsunami sur les cotes de l'actuelle New York, il y a 2300 ans. Les Catastrophes par impact durant la période historique, pourraient bien être moins rares que prévu.