Les possédés du Loudun
L’affaire des démons de Loudun, aussi appelée affaire des possédées de Loudun est une chasse aux sorcières lancée par le cardinal de Richelieu dans les années 1630, contre le prêtre catholique Urbain Grandier, de la ville de Loudun, en France. Accusé d'avoir pactisé avec le Diable, le prêtre voit son nom évoqué par les sœurs du couvent d'Ursulines possédées par le démon pendant leurs crises de délire. S'inscrivant dans la grande vague des possessions démoniaques (telles les possessions d'Aix-en-Provence de 1609 à 1611, les possessions de Louviers (en) de 1642 à 1647 et celles d'Auxonne de 1658 à 1663), toutes ces affaires concernent des cas de possession urbaine (alors que la sorcellerie est plutôt un phénomène rural) sur des religieuses du même ordre, les Ursulines. Elles témoignent d'une part de la reconquête de l’Église catholique romaine dans le contexte de la Contre-Réforme, d'autre part du changement de mentalités en France notamment chez les « antipossessionnistes » ou chez les juges qui ne croient plus en l'omnipotence de Satan parmi les hommes et refusent cette chasse aux sorcières, et enfin de la manipulation politique orchestrée par Richelieu qui, au nom de la raison d’État, propagea cette rumeur de prétendus ensorcellements afin d'éliminer le prêtre libertin trop proche des Protestants. Cette affaire de diablerie à Louden provoqua un « défoulement » des foules suivant le spectacle des exorcistes et suscita une littérature polémique sans égal.
Histoire
Dans la nuit du 21 septembre 1632 dans un couvent d'Ursulines à Loudun, la supérieure mère Jeanne des Anges, la sous-prieure sœur de Colombiers et la sœur Marthe de Sainte Monique reconnaissent la voix et aperçoivent l'ombre du prieur Moussaut, leur confesseur mort quelques mois plus tôt. Les nuits suivantes, les autres religieuses du couvent affirment voir le même fantôme puis le 7 octobre, elles affirment reconnaître dans ce fantôme le curé de la ville Urbain Grandier qu'elles accusent de les avoir ensorcelées1.
Ce dernier avait publié un pamphlet violent contre Richelieu. En outre, il s'opposait fermement à la destruction des murailles de la ville. En effet, la ville abritait un grand nombre de protestants. Henri IV leur avait permis d'avoir des places fortifiées, mais les murailles de certaines de ces villes furent détruites. Richelieu à l'époque faisait construire sa ville, toute proche. La tolérance d'Urbain Grandier envers les protestants et ses critiques jouèrent en sa défaveur. Enfin, la ville de Loudun fut frappée par une épidémie de peste début 16322.
C'est une sœur du couvent se disant possédée par le démon d'Astaroth qui lâcha le nom d'Urbain Grandier3. Un procès en sorcellerie fut instruit sur la demande de Richelieu. On procéda à de nombreux exorcismes sur les sœurs. Ils durèrent plusieurs mois et parfois plusieurs années. On chercha également un pacte avec le Diable signé de la main d'Urbain Grandier ; on tenta même de trouver une marque du Diable (en) sur le corps même des sœurs qui furent pour cela mises à nu et rasées. On tenta de trouver une zone insensible sur leurs corps, preuve du contact avec la griffe du démon.
Le 18 août 1634, Urbain Grandier fut condamné à mort, torturé et brûlé. Il jura toujours être innocent3.
Les crises de possession dureront jusqu'en 1637, aussi plusieurs responsabilités sont évoquées : la sœur Jeanne des Anges affligée de difformités physiques la rendant inéligible au mariage, aurait-elle accusé par jalousie Urbain Grandier, prêtre séducteur ? Des thèses de psychologie contemporaine la considèrent comme atteinte d'hystérie ou de schizophrénie. Le couvent des Ursulines avait-il intérêt à cette affaire ? Reconnue comme possédée, toute communauté religieuse reçoit en effet une importante pension du Roi pour la dédommager de la mauvaise réputation. Certaines sœurs accusent le chanoine Mignon de les avoir fortement incitées à accuser le prêtre. Le commissaire royal envoyé par Richelieu, Jean Martin de Laubardemont, réalise à la suite de cette affaire, la conversion de nombreux huguenots. La ville de Loudun voit affluer de nombreux voyageurs aussi bien français qu'étrangers, crédules ou incrédules, faisant tourner le commerce de la cité4.
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_d%C3%A9mons_de_Loudun