Prisons secrètes : 54 pays ont collaboré avec la CIA
Italie, Grèce, Irlande, Portugal... Au total, 54 pays ont collaboré avec la CIA dans son programme de détention secrète et de tortures de suspects de terrorisme après les attentats du 11-Septembre, d'après un rapport de l'organisation Open Society Justice Initiative publié mardi 5 février. Tous ces gouvernement étaient impliqués à diverses échelles, qu'ils aient accueilli les prisons secrètes sur leur sol, aidé à la capture et au transport des détenus, interrogé et torturé selon le programme d'interrogatoires renforcés, fourni des renseignements ou encore ouvert leur espace aérien pour permettre le transfert illégal de personnes d'un pays à un autre.
"En participant à ces opérations, ces gouvernements ont violé aussi le droit intérieur et international et ont sapé les règles contre la torture", qui est "non seulement illégale et immorale mais aussi inefficace pour réunir des renseignements fiables", dénonce ce rapport intitulé "De la mondialisation de la torture". Jusqu'à 25 pays d'Europe sont concernés, comme l'Autriche, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Finlande, l'Allemagne et le Royaume-Uni. L'Australie y est aussi mentionnée ainsi que l'Iran, qui a remis dix personnes aux Etats-Unis malgré ses mauvaises relations avec Washington.
Les prisons secrètes de la CIA, où sont passés notamment les cinq accusés du 11-Septembre actuellement détenus à Guantanamo, se trouvaient en Thaïlande, Roumanie, Pologne et Lituanie. Les méthodes d'interrogatoire qui y étaient utilisées, et autorisées sous George W. Bush, incluaient notamment la simulation de noyade, assimilée à de la torture.
136 PERSONNES DÉTENUES OU TRANSFÉRÉES
Le rapport identifie 136 personnes détenues ou transférées par la CIA. Certaines étaient des membres engagés du réseau Al-Qaida, mais d'autres, nombreuses, ont été arrêtées par erreur lors du vaste mouvement de lutte antiterroriste mené à toute allure par l'administration Bush après les attentats du 11-Septembre et maintenues en détention.
L'Italie est le seul pays où un tribunal a condamné des responsables pour leur implication dans ces opérations, le Canada l'unique gouvernement à avoir présenté des excuses à une victime de ce programme et à avoir, comme l'Australie, la Suède et le Royaume-Uni, versé des indemnités de compensation à des victimes.
Le rapport dénonce les Etats-Unis, qui n'ont enquêté que "de manière limitée" sur les mauvais traitements aux détenus et n'ont engagé aucune poursuite pénale. L'administration Obama ne semble pas avoir renoncé à la détention secrète à court terme et refuse de publier des documents relatifs à ce programme de la CIA, ajoute le document.
La commission sénatoriale sur le renseignement a récemment rendu un rapport d'enquête sur ce programme mais celui-ci reste classifié. Sa présidente, Dianne Feinstein, avait qualifié "d'erreurs terribles" la création et l'utilisation à long terme des prisons secrètes ou "sites noirs" et le recours aux techniques d'interrogatoires "musclés". Le nouveau directeur de la CIA, John Brennan, doit être auditionné jeudi devant le Sénat pour confirmer sa nomination. La CIA n'a pas souhaité faire de commentaires.
"La torture associée aux opérations de détention secrètes et de transfert illégal d'individus continueront de coller à la peau des Etats-Unis et de leurs partenaires tant qu'ils ne diront pas la vérité et ne poursuivront pas les responsables, souligne encore le rapport. L'impunité dont les responsables jouissent aujourd'hui ouvre la voie à d'autres abus dans des opérations de contre-terrorisme."
Source : http://www.lemonde.fr/international/article/2013/02/05/prisons-secretes-54-pays-ont-collabore-avec-la-cia_1827569_3210.html#xtor=RSS-3208
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