Le Rite Oriental de Misraïm
Il faut ici composer entre l'Histoire et la légende en présentant l'énigmatique personnage que fut Alexandre Cagliostro, de son vrai nom Joseph Balsamo, aigrefin de renom, un peu souteneur et un peu espion pour les uns, Grand Initié sans attache, magicien et enchanteur pour les autres, acteur occulte de la Révolution française pour l'ensemble et certainement, être moralement indéfinissable, tant le Rite qu'il a fondé attire des caractères trempés dans une eau, tout sauf plate.
Notre homme, très proche du Grand Maître de l'Ordre des Chevaliers de Malte, Manuel Pinto de Fonseca, avec lequel il aurait effectué des expériences alchimiques, fonda en 1784 le Rite de la Haute Maçonnerie Égyptienne. Bien que ne possédant que trois degrés (apprenti, compagnon et maître égyptien), le Rite de Misraïm semble lui être indirectement relié même si, aujourd'hui encore, il est difficile d'établir avec certitude où Cagliostro fut réellement initié et comment il bâtit son Rite. Une chose est certaine, il reçut entre 1767 et 1775 du Chevalier Luigi d'Aquino, frère du Grand Maître national de la Maçonnerie Napolitaine, les Arcana Arcanorum, trois très hauts grades hermétiques, venus en droite ligne des secrets d'immortalité de l'Ancienne Égypte. Et c'est en 1788, non loin de Venise, qu'il transféra ces hauts degrés hermétiques au sein de Misraïm, un Rite maçonnique d'inspiration ésotérique, nourri de références alchimiques, occultistes et égyptiennes, dont on trouve les traces dès 1738, en lui en octroyant une patente.
Déjà demi centenaire à cette époque, le Rite de Misraïm constituait un écrin idéal pour recevoir un tel dépôt initiatique, et attirait alors de nombreux adeptes qui se réclamait d'une antique tradition égyptienne.
Le Rite de Misraïm serait donc le plus ancien des Rites maçonniques en France. Son origine remonterait à plus de 200 ans. Parmi l’ensemble des Rites maçonniques, Misraïm a toujours occupé une position particulière, et ce, depuis son origine. Il a sa place parmi les rites égyptiens qui s'abreuvèrent à la source des antiques traditions initiatiques du bassin méditerranéen : pythagoriciens, auteurs hermétiques alexandrins, néoplatoniciens, sabéens de Harrân, ismaéliens… Il a fallu attendre le XVIIIe siècle pour trouver sa trace en Europe.
Le rite de Misraïm, revendique le titre ou la qualité de rite "oriental”. Il a un véritable tempérament “oriental” et une histoire tellement mouvementée qu'il a longtemps été regardés avec condescendance par les grandes obédiences maçonniques. Pourtant, Robert Ambelain, a réussi à imposer les rites égyptiens dans le paysage maçonnique français, en lui donnant une certaine importance numérique, et en faisant de Misraïm l’un des rites les plus symboliques et des plus attrayants.
Rite de Misr (Misraïm) Ile de Zante 1782
Le nom de Misraïm en hébreu ancien signifie "Les Égyptiens".
1792 L'Ordre de Mizraïm, R+C Pythagoricienne, dont le siège était toujours en Italie, fit initier ses adeptes, en grand secret, à son rite.
Dans les années 1797-1798, les FF de l'Ordre, et en particulier les FF R+C Pyt , durent fuir à Palerme l'invasion autrichienne.
1801 ils réformèrent le Rite de Mizraïm, réforme déjà étudiée à Venise, mais qui demeurait toutefois dans un cercle intérieur à l'Ordre. Cette réforme prit la dénomination officielle de Rite Oriental de Misraïm. A cette époque, le Rite recrutait aussi bien des personnalités aristocratiques que des bonapartistes et des républicains, parfois même des révolutionnaires carbonari.
La plupart des membres de la mission d'Égypte qui accompagnèrent Bonaparte étaient Maçons de très anciens Rites Initiatiques : Philalètes, Frères Africains, Rite Hermétique, Philadelphes, Rite Primitif, sans omettre le grand Orient de France. C'est la découverte, au Caire d'une survivance gnostico-hermétique, (premier Memphis) qui va conduire ces Frères à renoncer à la filiation reçue jadis par la Grande Loge de Londres.
1804 Les deux rites (Misraïm et premier Memphis) furent réunis au moment de la proclamation du Royaume d'Italie par Napoléon. L'empereur les reconnut alors comme Ordre Oriental Ancien et Primitif de Mizraïm et de Memphis En retour, tout naturellement, l'Ordre se montra favorable à Napoléon et à sa politique.
Une première version nous est présentée par le grand propagandiste du rite de Misraïm en France, Marc Bédarride — né en 1776 à Cavaillon, dans le Comtat Venaissin.
Selon cet auteur, la maçonnerie serait aussi ancienne que le monde. Israélite pratiquant, Bédarride s'en réfère à l'Ancien Testament ; selon lui, c'est Adam lui-même, qui aurait créé, avec ses enfants, la première loge de l'humanité ; Seth succéda à son père ; Noé la fit échapper au déluge ; Cham l'établit en Egypte, sous le nom de « Mitzràim » : c'est-à-dire les Egyptiens. C'est donc de ce peuple seul que doit venir la tradition secrète de l'ésotérisme. C'est à cette source unique que vinrent boire tous les pasteurs des peuples : Moïse, Cécrops, Solon, Lycurgue, Pythagore, Platon, Marc-Aurèle, Maï-monide, etc., tous les instructeurs de l'antiquité ; tous les érudits israélites, grecs, romains et arabes.
Le dernier maillon de cette chaîne ininterrompue aurait été le propre père de l'auteur, le pieux Gad Bédarride, maçon d'un autre rite, qui aurait reçu en 1782 la visite d'un mystérieux Initiateur égyptien, de passage en son Orient et dont l'on ne connaît que le « Nomen mysticum » : le Sage Ananiah. Cet envoyé l’aurait reçut à la Maçonnerie égyptienne.
Signalons ici que ce n'est pas là la première allusion historique au passage d'un Supérieur inconnu de la Maçonnerie égyptienne dans le Comtat Venaissin : un autre écrivain en avait donné la nouvelle vingt-trois années avant la parution de l'ouvrage de Bédarride : c'est l'initié Vernhes, qui, dans son plaidoyer pour le rite égyptien, paru en 1822, signale, lui aussi, le passage du missionnaire Ananiah dans le Midi de la France, en l'année 1782 .
Une seconde version, bien différente de la première, sur l'origine de la maçonnerie égyptienne nous est contée par le polygraphe français Jean-Etienne Marconis de Nègre, fils du créateur du Rite de Memphis.
Selon cet auteur abondant, romantique et touffu, l'apôtre St Marc, l'évangéliste, aurait converti au christianisme un prêtre « séraphique » nommé Ormus, habitant d'Alexandrie. Il s'agit évidemment d'une erreur de plume : le mot « séraphique » ne peut s'appliquer qu'à une catégorie d'anges bien connue des dictionnaires théologiques ; remplaçons-le ici par celui de «prêtre du culte de Sérapis » et la légende ainsi rapportée paraîtra moins choquante.
Cet Ormus, converti avec six de ses collègues, aurait créé en Egypte une société initiatique des Sages de la Lumière et initié à ses mystères des représentants de l'Essénisme palestinien, dont les descendants auraient à leur tour communiqué leurs secrets traditionnels aux chevaliers de Palestine, qui les auraient ramenés en Europe en 1118. Garimont, patriarche de Jérusalem, aurait été leur chef et trois de leurs instructeurs auraient créé à Upsal, à cette époque et introduit peu après en Ecosse, un Ordre de maçons orientaux. Il est regrettable que cette littérature ne soit appuyée par aucune référence historique.
Le nom même du vulgarisateur varie d'ailleurs avec les années. D'Ormus, il devient Ormésius dans un autre ouvrage de Marconis.
Divers auteurs font allusion à cette version. Soulignons, dès à présent, que ces deux versions parallèles — aussi fantaisistes l'une que l'autre — prouvent toutes deux la profonde ignorance de leurs propagateurs.
Si nous interrogeons les maçons contemporains et leur demandons ce qu'ils savent des rites égyptiens au moment où ceux-ci tentent de conquérir la France :
Levesque qui rédigea en 1821 un « Aperçu général historique » des sectes maçonniques de son temps parle en ces termes du nouveau venu : le rite de Misraïm, « II y a, je crois, cinq ou six ans que ce Rite est venu s'établir à Paris. Il venait du Midi de l'Italie et jouissait de quelque considération dans les Iles Ioniennes et sur les bords du golfe Adriatique. Il a pris naissance en Egypte. »
Après ce premier témoignage, interpellons le maçon le plus érudit de France, le célèbre Thory (1759-1817), qui, dans ses deux tomes des « Acta Latomorum » reproduisit un nombre considérable de documents historiques précieux dont il avait été le conservateur. Il précise : « Le Rite de Misraïm, qui ne date, en France, que de quelques années, était très en vigueur à Venise et dans les îles Ioniennes, avant la Révolution française de 1789. Il existait aussi plusieurs Chapitres de Misraïm dans les Abruzzes et dans la Pouille. » Et il ajoute cet élément intéressant : « Tous ces grades, excepté les 88e, 89e et 90e ont des noms différents. Quant aux trois derniers, nous n'en connaissons pas la dénomination, on les a indiqués comme voilés, dans le manuscrit qui nous a été communiqué.»
Nous verrons plus loin l'extrême importance de cette observation.
Abordons maintenant Ragon, qui, après une courte collaboration avec les frères Bédarride, devint leur implacable adversaire. Il nous apprend — il est ici un témoin oculaire — que les pouvoirs des dirigeants français du Rite, les ff. Joly, Gabboria et Garcia leur avaient été conférés à Naples en 1813. Les documents justificatifs étaient rédigés en langue italienne et furent présentés aux commissaires du Grand-Orient le 20 novembre 1816.
Parlant plus loin des secrets des derniers degrés de ce Rite, le célèbre « auteur sacré de la maçonnerie », spécifie : « Nous reproduisons les quatre derniers degrés du Rite de Misraïm apporté du Suprême Conseil de Naples, par les ff. Joly, Gabboria et Garcia. Tout lecteur impartial, qui les comparera, verra combien ces degrés diffèrent de ceux qu'énoncent les ff. Bédarride. » Et il ajoute ailleurs en note : « Cette explication et les développements des degrés 87, 88 et 89, qui forment tout le système philosophique du vrai rite de Misràim, satisfait l'esprit de tout maçon instruit... paru à Londres sur ce rite en 1805, sous forme d'in-quarto.
Nous avons d'autre part en notre possession à Bruxelles, où le rite de Misraïm fut introduit en 1817, une partie de ses archives : statuts (parus chez Remy, rue des Escaliers, le 5 avril 1818) ; diplômes ; polémique avec les autres Rites ; et un tuileur manuscrit, sur parchemin, contenant notamment les « Arcana Arcanorum » — sur papier et avec écriture absolument identique à un autre document daté de 1778.
De ces éléments, nous pouvons déduire :
1) que le rite égyptien était pratiqué en Méditerranée et en Italie avant 1789 ;
2) que ses derniers degrés se pratiquaient sous forme de deux régimes très différents : un régime à philosophie kabbalistique (Régime Bédarride) et un régime à philosophie égypto-hellénique (Arcana Arcanorum : Secrets des Secrets, ou Régime de Naples).
On conçoit dès lors facilement que ceux-ci aient été voilés pour l'historien Thory, dont on craignait les divulgations.
On comprend aussi l'avis de Ragon : « Tout ce rite se résume en fait aux quatre degrés philosophiques de Naples. » Le fait que Bédarride signale que son mystérieux Ananiah ait quitté le Midi de la France en 1782 pour l'Italie prouve qu'au moins ce point de son histoire du rite n'est pas dépourvu de vraisemblance historique. C'est donc avec raison que l'historien Zaite repousse comme très douteuse l'hypothèse de certains écrivains mal renseignés, qui attribuent « l'invention » de ce rite à un nommé Lechangeur, à Milan, en 1805 !
Voici maintenant un nouvel élément, digne d'intérêt : Le 17 décembre 1789, le célèbre Cagliostro, qui avait installé à Rome une loge de rite égyptien le 6 novembre 1787, se faisait arrêter par la police pontificale. On trouvait dans ses papiers les catéchismes et rituels de son Rite et notamment une statuette d'Isis. Or, Isis est le mot sacré d'un des degrés de Naples.
L'on peut se demander si Bédarride a connu Cagliostro. Il faut répondre par l'affirmative ; il ne conteste ni la réalité de son initiation en Egypte ni celle de ses pouvoirs, il se borne à lui reprocher d'avoir, en France, fait un rite égyptien personnel.
Le 1er août 1818 paraît à Bruxelles une défense du rite de Misraïm, signalant un ouvrage.
1810 Michel Bédarride aurait reçu à Naples, les pouvoirs magistraux du Frère De Lassalle. Filiation par transmission directe.
Selon Reghellini de Schio, ce serait le 24 décembre 1813, à Naples, que François Joly, ayant rempli les fonctions de secrétaire général du Ministère de la Marine à « Naples », aurait été initié à la franc-maçonnerie de Cagliostro, ainsi que les Frères Lechangeur et Marc Bédarride, demi-soldes de la campagne d’Italie, et auraient reçu par délégation et pouvoirs du Souverain Conseil Universel (qui comprenait les Zénith de Venise, du Caire et de Palerme) une charte les autorisant à propager le Rite maçonnique égyptien de Misraïm en France.
Dès 1814, existait à Montauban, une mission particulière, initiée par les Frères de Venise, selon l'ancienne rituélie du “premier” Memphis. Ce rite, se situant dans le prolongement des communautés israélites médiévales de Provence et du Languedoc suivait le rite Juif Séfarade de Carpentras, et était en outre très versée dans des études kabbalistiques. Plus kabbalistique qu’égyptien, il fut donc introduit et développée et dirigée en France par les frères Bédarrides, à une époque où les Juifs n’avaient aucun droit de cité au sein de la Franc maçonnerie, et cela quasiment sous la protection du Rite Écossais. Le Rite de Misraïm comptait, en effet, des noms maçonniques illustres à sa tête : comme le Comte de Saint Germain, le Comte Muraire, Souverain Grand Commandeur du Rite Écossais Ancien Accepté, le Duc Decazes, le Duc de Saxe-Weimar, le Duc de Leicester, le Lieutenant Général Baron Teste, etc...
Si, très rapidement, le Rite de Misraïm rassemble les jacobins nostalgiques de la République, c'est au sein du Rite de Memphis que se regroupent les demi-soldes de l'ex-Grande Armée et les bonapartistes demeurés fidèles à l'Aigle. Notons du reste que les deux Rites ont en 1816 le même Grand-Maître Général, prémisses de la fusion future.
Sous la Terreur Blanche, c'est Misraïm qui transmet leur nécessaire maîtrise aux Carbonari. Violemment anticlérical et anti royaliste, le Rite groupe alors une cinquantaine de Loges à travers le pays. Cependant le pouvoir politique et certaines obédiences maçonniques dont le Grand Orient de France, alors majoritairement monarchiste et catholique, qui pénétrées par le vent de liberté de la démocratie porté par la révolution Française, supportaient mal un rite qui se déclarait aristocratique et qui comportait un tel système de hauts grades. Le Grand Orient de France, avec l’appui de la police de la Restauration, obtient sa dissolution.
Interdit en 1817, suite à l'affaire des Quatre Sergents de La Rochelle et à l'inquiétude suscitée par les Carbonari. Le Rite Oriental de Misraïm, dénoncé aux forces de police comme un repaire de séditieux, «antimonarchiques et anti-religieux », prêts pour l'insurrection devint l'espace de rencontre de tous les opposants au régime, ce qui entraîna progressivement son déclin.
Clandestin pendant dix-huit années, le rite de Misraïm fut restauré en 1838, quand fut créé le Rite de Memphis.
1838 Le Rite de Memphis est le premier grand système qui porte la marque du XIXe. Il est réveillé le 23 mars 1838 d'une synthèse effectuée par Jean Étienne Marconis de Nègre (1795-1868) entre le Rite de Misraïm, le Rite Écossais Ancien et Accepté et d'anciens rites d'inspiration ésotérique ou orientale (Rite Primitif, Rite Écossais Philosophique, Parfaits Initiés d’Égypte) avec une tonalité plus égyptienne que le Rite de Misraïm.
Le 25 Février 1841, la préfecture de police ordonne la fermeture des loges du Rite, sous le motif qu’elles affichent des sympathies républicaines. Les travaux sont repris en 1848. Le 21 Décembre 1851, suite au coup d’état de Louis-Napoléon, l’Ordre est à nouveau interdit. En 1862, le Rite de Memphis s’unit au Grand Orient qui l’admet dans son Grand Collège des Rites. A cette occasion, Marconis abdique de sa charge de Grand Hiérophante.
dissous à nouveau en 1841, Misraïm sort de la clandestinité en 1848.
En 1846, Marc Bédarride cède sa fonction de Sérénissime Grand Maître à son frère Michel. La Loge Mère « l’Arc en Ciel », fondée par son successeur J.Y. Hayère fut la seule à pratiquer le rite depuis 1856 jusque sa mise en sommeil en 1899.
Dissous de nouveau en 1850, réveillé en 1853, Misraïm est reconnu par le Grand Orient de France en 1862.
Se sont alors succédés à la tête du Rite de Misraïm Dr Girault (1864), Hippolyte Osselin 1864, Jules Osselin (1877), Emile Combet. Le rite maçonnique dit « de Misraïm » qui signifie en hébreu « égyptien » (Misr étant le nom de l’Egypte) fut maintes fois condamné, voir interdit, pour avoir exprimé des pensées subversives contraires à l’éthique de la franc maçonnerie dont elle se réclamait, et fut longtemps soupçonnée de vouloir infiltrer cet Ordre pour y placer ses membres. Nous savons de source sûre qu’il n’y eu aucune survivance directe à sa mise en sommeil, et que c’est dans cette Loge que s’était manifestée pour la première fois la tradition d’Ormus, le légendaire et sage Egyptien fondateur de la Rose-Croix.
Nous savons de source sûre qu’un certain Maurice Joly, maçon Misraïmite, avocat juif et opposant au régime politique de Napoléon III, petit fils du François Joly qui, à Naples, à reçu la charte du Rite de Misraïm, était l’auteur d’un ouvrage s’intitulant « Dialogue aux enfer entre Machiavel et Montesquieu » dont fut tirés un grand nombre de paragraphes des « Protocoles des Sages de Sion ». Ces textes avaient déjà été utilisé contre le pouvoir en place, ce qui avait conduit son auteur en prison. Notons pour mémoire que Maurice Joly était intime de Victor Hugo qui fut Grand Maître de l’Ordre du Prieuré de Sion, et qu’il était le protégé d’Adolphe Crémieux, (le fondateur de l’Alliance Israélite Universelle).
Ces protocoles, schéma directeur pour la conquête du monde par le monde juif, avait circulé dès 1884, et transité entre les mains d’un membre de la Loge « l’Arc en Ciel » nommé Schorst, dit Schapiro, à laquelle appartenait Papus. Monseigneur Fry, dans son ouvrage « le juif, notre Maître », précise qu’en 1895, la fille du Général Russe, Mademoiselle Glinka, avait envoyé de Paris, des renseignements politiques au Général Tcheréwine, alors Ministre de l’intérieur, un exemplaire des Protocoles des Sages de Sion que lui aurait vendu pour 2500 francs un certain Schapiro, membre de la Loge de Misraïm à Paris. Le Docteur Encausse, alias le « mage alchimiste » Papus, qui par la suite allait devenir le grand maître du Rite de Misraïm, était un anti-évolutionniste fervent, critique de la tendance athéiste de la maçonnerie du Grand Orient et ami du Tsar et de la tsarine de Russie où se sont passés les premiers pogroms contre les juifs, suite à la diffusion des Protocoles des Sages de Sion.
Jusqu'en 1881, les Rites de Memphis et Misraïm cheminent parallèlement et de concert, dans un même climat particulier. Or, les deux Rites commencent à rassembler sous double appartenance des Maçons du Grand Orient de France et du Rite Écossais Ancien et Accepté qu'intéressent l'Ésotérisme de la Symbolique Maçonnique, la Gnose, la Kabbale, voire l'Hermétisme.
En effet, outre leurs dépôts égyptiens, Misraïm et Memphis sont toujours les héritiers et les conservateurs des vieilles Traditions Initiatiques du XVIII ème siècle : Philalèthes, Philadelphes, Rite Hermétique, Rite Primitif.
Misraïm comptait 90 Grades divers, et Memphis, 95.
En 1877, les survivants de la branche française de Misraim par l'intermédiaire de leur grand maître Emile Combet, entrent en relations avec le Grand Orient National d'Egypte qui pratique le rite de Memphis. Un traité de reconnaissance réciproque est signé par les deux juridictions. Ferdinando Oddi transmet le 95° de Memphis à Emile Combet, lequel transmet le 90° de Misraim à Ferdinando Oddi.
Comportant alors de très nombreuses Loges à l'étranger, le rite Oriental de Misraïm compte des personnalités telles que Louis Blanc et Garibaldi qui, dix-neuf années plus tard, sera l'artisan de l'unification de Memphis et de Misraïm.
Le 04 août 1889, le Rite de Misraïm célèbre sa fête d’Ordre en présence des Frères PROAL et OPPORTUN (le bien nommé), membre du Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France. En cette même année, le Rite de Misraïm compte 3 Loges à Paris, 8 en province, 2 à New-York, 1 à Buenos-Aires et 1 à Alexandrie. Ceci sous la juridiction française, sans compter la juridiction italienne qui est indépendante à cette époque.
Vers 1890, au sein du Rite de Misraïm un nouveau conflit éclate entre une minorité de Spiritualistes et une majorité de Laïcisants. Conduits par le Grand Secrétaire Henri CHAILLOUX, ils se rallièrent au Grand Orient. Le F CHAILLOUX avait en effet annoncé dans un discours : Si on peut lire dans notre déclaration de principe, imprimée en 1885, la Base fondamentale et immuable, l’existence de l’être suprême, l’immortalité de l’âme et l’amour du prochain ; aujourd’hui on peut lire dans notre Constitution réformée : « Autonomie de la personne humaine, justice et altruisme ».
Une telle prise de position à l’encontre totale des Statuts et des Principes du Rite en excluait ipso facto son auteur. Les derniers Maçons du Rite attachés à leurs principes déistes et spiritualistes se regroupèrent dans la seule Loge Arc-en-Ciel (Loge Mère du Rite) dirigé par le Grand Président OSSELIN. En étaient membres des ésotéristes de haute valeur et c’est sous son patronage que parait la « Bibliothèque Rosicrucienne », cette dernière rééditant un certain nombre de grands classiques de l’occulte. Puis fin 1899, la grande loge de Misraim pour la France, présidée par Jacques de Villaréal, cesse ses travaux.
Le 30 mars 1900, Ferdinando Oddi était reconnu détenteur de la double juridiction suprême de Memphis et de Misraim. Lorsque cette même année Garibaldi est désigné comme premier Grand-Maître Général "ad vitam" pour chacune de ces deux Obédiences, après bien des discussions, une fusion de fait s'accomplit entre les Rites de Misraïm et de Memphis qui avaient, dans la plupart des pays étrangers, les mêmes hauts dignitaires, fusionnèrent en un unique Ordre maçonnique, à Naples, rendant possible l’établissement d’une échelle commune de grades. (Seul le Souverain Grand Conseil Général du Rite de Misraïm pour la France refusa d'entrer dans la Confédération des Rites-Unis de Memphis-Misraïm, et conserva sa hiérarchie de 90e , comme Rite Oriental de Misraïm, avec le P. Fr. Ferdinando Oddi comme Grand Maître.)
En 1902, à la suite de divers conflits au sein du Grand Orient National d’Égypte, le Grand Conservateur Général des Rites de Memphis et de Misraim, Ferdinando degli Oddi démissionna de ses fonctions. John Yarker," ancien vice Grand Hiérophante pour l'Europe", se considéra de facto comme le" nouveau Grand Conservateur mondial de Memphis et Misraïm". Cependant, Le frère Ellic Howe de la loge Quator Coronati lodge de Londres et le professeur Helmut Möller de l’université de Göttingen affirment que Yarker aurait acquit les rites de Memphis et de Misraim, d’une source américaine douteuse en 1872–(Fringe masonry- the Quator Coronati lodge, vol.85,91,92,109 London 1972,78,79,97). Cette nomination ne fut pas entérinée par l’Égypte et en 1902, Ferdinando degli Oddi transmit ses titres de Grand Commandeur-Grand Maître du Grand Orient National d’Égypte (Grand Collège des Rites) et de Souverain Grand Conservateur Général des Rites de Memphis et de Misraim au T.S. frère Idris Bey Ragheb, et à son successeurs le prince Mohamed Aly Tewfik, petit-fils du khédive Mehemet-Aly, et Youssef Zakq grand chancelier - dont filiation jusqu'à nos jours.
La France et Memphis-Misraïm
Théodore Reuss, Grand Maître du Souverain Sanctuaire d'Allemagne par une charte reçue le 24 septembre 1902 de John Yarker, dirigeait également l'O.T.O. (Ordo Templi Orientis) et diverses petites sociétés paramaçonniques. Sans avoir l'autorité pour le faire (il n'était pas Grand Maître Général), il accorda en date du 24 juin 1908 à Berlin la constitution à Paris d'un Suprême Grand Conseil et Grand Orient du Rite Ancien et Primitif. Pourtant, John Yarker, chef mondial du " rite " était seul habilité à créer de nouveaux Souverains Sanctuaires, (si l'on ferme les yeux sur les origines illicites de sa filiation du Rite de Memphis, et sur son auto-nomination comme Grand Hiérophante de ce "rite " ainsi que sur l’absence de patente du Rite de Misraïm).
Outre la triple illégitimité de son origine, ce Suprême Grand Conseil français se trouvait dans une position ambiguë. Il n'avait pas rang de Souverain Grand Sanctuaire (nom donné aux Grandes Loges dans le Rite Ancien et Primitif) et ne pouvait donc pas fonder de nouvelles loges. Le texte de la patente berlinoise, perdue, est connu par le compte rendu du convent de Juin 1908. Il ne prévoyait pas la possibilité de créer des organismes subordonnés (loges, chapitres, etc.).
John Yarker fut le dernier Grand Hiérophante de cette lignée hybride. Après sa mort, le 20 mars 1913, le Souverain Grand Sanctuaire (Théodore Reuss, Aleister Crowley, Henry Quilliam, Leon Engers-Kennedy) se réunit à Londres le 30 juin 1913. A l’unanimité, le frère Henry Meyer, habitant 25 Longton Grove, Sydenham, S.E., County de Kent, fut nommé Souverain Grand Maître Général. Théodore Reuss, Souverain Grand Maître Général ad Vitam pour l’Empire Germanique et Grand Inspecteur Général, participait à cette réunion. Les minutes de la convocation précisent que Aleister Crowley proposa la nomination de Henry Meyer aux fonctions de Grand Maître Général, appuyée par Théodore Reuss qui l’approuva et la signa. Néanmoins, le 10 septembre 1919, se considérant comme Grand Maître Général mondial de cet amalgamme Memphis-Misraim, il délivra à Jean Bricaud une charte pour la reconstitution en France et dépendances, d'un « Souverain Sanctuaire de Memphis-Misraïm ».
Sensiblement préjudiciable fut la persécution systématique menée au siècle dernier par le gouvernement autrichien dans la Lombardie et la Vénétie et par les autres gouvernements dans les différents petits états de la péninsule, par l’Eglise en général et, à notre siècle, par le régime fasciste; également préjudiciable fut la lutte conduite par les différents Grands Orients, qui ont essayé par tous les moyens d’absorber le rite de Misraïm. Malgré tout, les documents les plus importants ont été conservés et transmis jusqu’à nos jours.
En 1923, l’Eminent Frère Marco Egidio Allegri, devint Puissance Suprême du rite de Misraïm de Venise ainsi que Grand Conservateur à vie du Rite de Memphis de Palerme, tombé ensuite en sommeil en 1925.
De 1936 à 1939, ce « rite » connut une période prospère, pendant laquelle Constant Chevillon ouvrit de nombreuses loges en France et à l'étranger. Pendant la guerre, la franc-maçonnerie et les autres sociétés initiatiques furent interdites.
Robert Ambelain, éminent ésotériste, favorable au maintien de la tradition initiatique, telle qu'elle existait à travers PAPUS et Eliphas LEVI, symboliste doté d'une bonne logique et d'un esprit critique, fut initié la Maçonnerie Traditionnelle, par le F Constant CHEVILLON 96ème, au début de l’année 1939, à la Loge HUMANIDAD à Lyon. Le Grand Maître des rites confédérés fut également reçu apprenti cette même année dans une loge parisienne du rite de Memphis-Misraïm, la Jérusalem des Vallées égyptiennes, par Constand Chevillon et Nauwelaers. Peu après le début de la guerre de 39/45, la Loge dû se mettre en sommeil, compte tenu de l’absence de nombre de participants, puis d’une chasse aux Francs maçons orchestrée par VICHY. En conséquence, les archives des rites de Misraïm, de Memphis, de Memphis Misraïm, Early Grand Scottish Ecossais (Cernau) furent confiées à Robert Ambelain qui les cacha dans sa cave. En 1942, Constand Chevillon alors Grand Maître des rites confédérés et Robert Ambelain en son domicile, réussirent à rouvrir clandestinement la loge maçonnique, Alexandrie d’Égypte. C’est là que Robert Amadou fut reçu en 1943.
F Robert AMBELAIN, le 15 août 1939, pour raison de force majeure en temps de guerre et pour services rendus à l’Ordre durant cette période d’occupation, est proclamé 95ème degré de l’Ordre Initiatique Oriental du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm.
Le FGeorges BOGÉ de LAGREZE Grand Hiérophante Substitut 97ème, du Grand Hiérophante Mondial Guérino TROILO 98ème, déclare:
NOUS, Grand Maître Général, Président du Souverain Sanctuaire pour la France et ses Dépendances de l’Ordre International Oriental du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, membre du Suprême Conseil International, Grand Hiérophante Substitut décrétons ce qui suit. En date de ce jour, élevons et proclamons Notre T Ill F Robert AMBELAIN : 95ème degré de Notre Rite, et Membre du Souverain Sanctuaire de France, en qualité de Substitut Grand Maître, et ordonne à tout Membre du Rite de le reconnaître comme tel, lui donne pouvoir de créer, installer, diriger, tout collège symbolique, capitulaire, et mystique de notre Ordre y compris les Grands Conseils des Sublimes Maîtres du Grand Œuvre 90ème degré, de notre Hiérarchie.
En foi de quoi la présente patente lui est remise pour lui servir de titre authentique et régulier auprès les de tous Membres de l’Ordre et des Frat affiliées.
Donnée en la Vall Egyp de Memphis, au Zénith de Paris, timbrée et scellée par nous, le 15 août 1939.
Signé : Le Grand Maître Général, Grand Hiérophante Substitut : Georges BOGÉ de LAGREZE 33ème 96ème 97ème.
Constant Chevillon qui voyageait comme Inspecteur de Banque se trouvait en mission à Clermont-Ferrand. Un matin, un inspecteur de police vint le chercher à son bureau, l'emmena à son hôtel, visita sa chambre et rafla tout ce qui était à lui, valise, papiers, manuscrits qu'il préparait pour l'édition. Ramené à la Sûreté, il y fut interrogé tout le jour avec des intervalles où il est mis en cellule avec des détenus de droit commun au nom de son idéal de liberté et de fraternité. Il y fut assassiné le 25 mars 1944 par des miliciens vichystes. Le Grand Maître de Belgique Delaive quant à lui fut décapité par les nazis.
Henri-Charles Dupont prit alors légitimement la direction de l'Ordre à la Libération jusqu'à l'élection de Pierre DEBEAUVAIS (90e du Rite de Misraïm et 96e du rite de Memphis Misraïm).
En 1945, la Libération permet la reprise des activités de l'A.R.O.T., avec la constitution d'un Comité Directeur de reprise des travaux, comprenant trois membres qui sont, toujours par ordre alphabétique : Robert AMBELAIN, Jules BOUCHER et Robert CABORGNE. Ils créent une fondation rituelle et occulte, avec projection d'un germe d'égrégore en astral.
Au début de l’année 1945, le Grand Maître Pierre DEBEAUVAIS 96ème démissionne et rend la Grande Maîtrise des Rites Unis à Charles-Henry DUPONT 96ème.
En 1956, le F Jean-Henri PROBST-BIRABEN rétablit le Rite Ancien et Primitif de Memphis, reçoit les patentes du Régime de Naples du Rite de Misraïm (Arcana Arcanorum) et devient Grand Hiérophante Mondial de Misraïm.
En 1957 Le F Jean-Henri PROBST-BIRABEN passe à l’Orient Éternel et Henri Dubois recueille la direction des Ordres égyptiens pour la France, dont il conservera les orientations respectives : mystères égyptiens pour Memphis, hermétisme et kabbale hébraïque pour Misraïm.
En 1958 Le F Dubois installe à Lyon un Suprême Conseil des Ordres Maçonniques de Memphis et de Misraïm réunis (les rituels restant distincts) dont la Grande Loge (Amon Râ) fusionne en 1960 avec les hauts grades de Memphis et de Misraïm conservant leur individualité.
Après quelques vicissitudes, Henri Dupont mourut le 1er Octobre 1960, laissant à Robert Ambelain sa succession maçonnique.
Le 13 août 1960 Le Grand Maître Général Charles Henry DUPONT 96ème degré, désigne par écrit le F Robert AMBELAIN 96ème comme son successeur à la tête des Rites Unis. Le F Robert AMBELAIN est nommé Substitut Grand Maître du Rite de Memphis Misraïm par Georges BOGÉ de LAGREZE, charte de John YARKER en 1909 et de Jean BRICAUD en 1921.
Au Zénith De Coutances, le 13 août 1960, le Souv Sanct de Memphis-Misraïm et SupGrCons des Rites Confédérés pour la France et ses Dépendances.
Nous, Souverain Grand Maître, du Rite de MEMPHIS-MISRAÏM pour la France & ses Dépendances, Président du Souverain Sanctuaire de France, désireux de permettre le réveil et l’épanouissement du Rite de MEMPHIS-MISRAÏM en France, confions à dater de ce jour, pour les Territoires susmentionnés, la Charge de GRAND-ADMINISTRATEUR du Rite au T Ill F Robert AMBELAIN, déjà 95ème du Rite depuis 1943, le dit Frère étant de ce fait et ipso facto désigné comme mon Successeur à la Charge de GRAND-MAÎTRE du Rite de MEMPHIS-MISRAÏM pour la France et ses Dépendances.
Donné au Zénith de COUTANCES, ce 13ème jour d’Août 5960.
Signé) Henry-Charles DUPONT, Souverain Grand-Maître.
A Coutances le 1er octobre 1960 Charles-Henry Dupont, passe à l'Orient Éternel dans sa 84ème année.
Le Grand Maître Général Robert Ambelain (96e) fonde la Grande Loge Française de Memphis Misraïm en 1960, qui est déposée sous la loi associative de 1901, le 22 juin 1963. Celui ci établit des liens avec le GODF, la GLDF, la GLTSO mais n’est pas rejoint par les rites non fusionnés de Memphis et de Misraïm alors en sommeil.
Robert AMBELAIN rétablit ainsi le Rite de Memphis-Misraïm, réussissant au fil des ans à mettre sur pied une dizaine de loges au travail remarquable.
En 1966, au troisième Convent International du Rite de Memphis Misraïm, le Grand Maître Général Robert AMBELAIN 96e degré, devient Grand Hiérophante et Grand Maître Mondial 99e degré. Celui ci, à l'aide de plusieurs FF:., réécrit tous les rituels du Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm, car il n'avait que partiellement reçu les archives et les rituels de ses prédécesseurs.
Dans la nuit du 31 Décembre 1984 au 1er Janvier 1985, Robert Ambelain transmit la charge de Grand Maître ad-vitam du rite de Memphis Misraïm à Gérard Kloppel, mais conserva la direction des Rites Confédérés.
Le souhait de trouver place parmi les grandes obédiences conduisit Gérard Kloppel à d’indispensables compromis. On assista à la multiplication des loges bleues et à une banalisation des travaux. Une dissidence s’opéra alors mais néanmoins, certains dirigeants (dont Gérard Kloppel lui-même) demeuraient de véritables " maçons opératifs ". Cependant, en 1996, faisant suite à différents scandales impliquant leur Grand Maître, de nombreux membres ayant connu l’époque Ambelain se retirèrent pour rejoindre la première dissidence. Quelques loges restèrent fidèles à la Grande Loge française de Memphis-Misraïm, désormais dirigée par un autre grand-maître, et un petit nombre de Frères, en désaccord avec l’esprit initial de Memphis Misraïm mais désireux de continuer d’utiliser son rite formèrent de nouvelles obédiences dites laïques, républicaines et démocratiques, considérant l’occultisme comme une littérature indigeste, confuse, laborieuse et infatuée, qui n’a réussi qu’à mettre un peu plus de fumée dans des cervelles déjà bien échauffées par le théosophisme. Dans ce même état d’esprit, un dernier groupe de loges intégra le Grand Orient de France qui, pour saisir l’opportunité, accepta en 1999 la création de loges de Rite Egyptien en son sein.
Certains autres Frères, pour la plupart issus d’autres obédiences, se sont rapproché de Robert Ambelain pour obtenir les patentes nécessaires à la régularité de leurs travaux. Celui ci s'étant déjà dépossédé de la patente de Memphis Misraïm au profit de Gérard Kloppel, proposa le réveil du Rite Oriental de Misraïm dont il avait conservé la charge au sein des Rites Confédérés. En janvier 1996, une première patente fut délivrée au Très Illustre Frère Jean Marc Font, en qualité de Sérénissime Grand Maître (ad-vitam) du rite de Misraïm. Celui ci, ami de Patrick Leterme qui tentait de fonder les Rites confédérés « de France » avec des patentes photocopiées en couleur empruntées à Robert Ambelain « pour informations » dixit Robert Ambelain dans un courrier adressé au Très Illustre Frère Robert Mingam, avait voulu rejoindre cette formation en y déposant sa patente. Les Frères fondateurs de la toute récente Grande Loge Française de Misraïm refusèrent d’adhérer à cette fédération de rites sans fondement, d’autant que Misraïm était encore sous la juridiction des Rites confédérés présidés par Robert Ambelain Après quelques mois, le 25 mai 1996, en son domicile parisien, le Grand Conservateur et Président des Rites Confédérés Robert Ambelain, déclara annuler la patente antérieurement confiée au Très Illustre Frère Jean Marc Font et lui substitua une nouvelle patente au nom du Rite Oriental de Misraïm, au Très Illustre Frère Robert Mingam (90e) en qualité de Grand Conservateur du Rite.
Après quelques difficultés administratives, "la Grande Loge Française de Misraïm" vit le jour, suivie de "l'Ordre Ancien du Rite Oriental de Misraïm". Cependant, les Grands appareils que sont les Obédiences Françaises et Européennes, qui se refusent d'accorder leur reconnaissance à quiconque n'a pas acquis une certaine notoriété, obligèrent les Sœurs et les Frères du Rite Oriental de Misraïm à s'intégrer dans l'un d'entre eux. C'est ainsi que nous trouvons des Loges Misraïmites qui travaillent sous les Auspices de la Grande Loge Mixte de France, et notamment à la GLISRU (Grande Loge Indépendante et Souveraine des Rites Unis).
Aujourd’hui encore, les obédiences maçonniques dites « égyptiennes » n’ont pas bonne réputation. Elles attirent les vocations spiritualistes mais ne savent pas les canaliser, et encore moins les fidéliser. A croire que ces rites importés par la juiverie provençale sont amalgamés au destin de ce peuple qui, tout au long de son histoire fut continuellement persécuté.
Après les trois premiers degrés de la Maçonnerie Universelle, les particularités de Misraïm s'affirment dans les Ateliers supérieurs qui pratiquent obligatoirement les 4 ème Degré (maître Secret), 12 ème (Grand Maître Architecte ) , 13 ème Degré (Royal Arche), 14 ème Degré (Grand Élu de la Voûte Sacrée), 18 ème Degré (Chevalier Rose + Croix), 28 ème Degré (Chevalier du Soleil), 30 ème Degré (Chevalier Kadosh), 32 ème Degré (Prince du Royal Secret), 33 ème Degré (Souverain Grand Inspecteur Général).
Les 66 ème et 90 ème Degrés sont conférés à des Maçons en récompense de leur valeur, de leurs connaissances, et de leur fidélité ; le 90 ème Degré leur confère le droit de siéger au "Conseil des Sages" en qualité de Grand Conservateur du Rite.
Les autres Degrés tels que celui de Royal Arche sont facultatifs mais la Chevalerie peut être transmise avec le 20ème Degré dit Chevalier du Temple, issu directement de l'Ancienne Stricte Observance Templière et des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte de Jean-Baptiste Willermoz.
Source : http://egyptissimo2.e-monsite.com/pages/rite-oriental-de-misraim.html