Un papyrus copte évoque un Jésus marié
Les papyrus des premiers chrétiens révèlent régulièrement les nombreuses différences qui agitaient les églises des premiers siècles. Révélé par une professeur de Harvard, un fragment de manuscrit copte du IVe siècle évoque l'existence d'une femme de Jésus.
Huit lignes. Si l'histoire a bien un pouvoir, c'est de faire réagir vivement le monde avec si peu de texte. Karen King de la Harvard Divinity School a révélé mardi, lors d'une conférence à Rome, l'existence d'un fragment de papyrus qui contient la phrase "et Jésus leur a dit : ma femme...". Ce morceau de texte pas plus grand qu'une carte de crédit date du IVe siècle.
On ne sait hélas pas exactement d'où il provient, mais comme il est écrit dans la langue copte, celle des premiers Chrétiens d’Égypte, on suppose qu'il a été rédigé dans ce pays. C'est un collectionneur qui l'a transmis aux chercheurs sans en savoir plus. Comme le papyrus est couvert d'écriture sur son recto et son verso, il ne s'agirait pas d'un morceau de parchemin que l'on déroule, mais bien d'un fragment de codex, un livre ancien.
De nombreux courants chrétiens
"La tradition chrétienne a longtemps considéré que Jésus n'était pas marié, même s'il n'existe pas de preuves historiques fiables pour le confirmer, explique Karen King. Ce nouvel évangile ne nous dit pas que Jésus était marié, mais nous indique que la question faisait parti de forts débats sur la sexualité et le mariage. Dès les tous débuts, les Chrétiens étaient en désaccord sur s'il fallait ou non se marier, mais ce n'est que plus d'un siècle après la mort de Jésus qu'ils ont commencé à invoquer son statut marital pour soutenir leurs positions."
En matière de textes chrétiens antiques il faut tout de même bien garder à l'esprit que, comme pour toutes les religions, de très nombreux courants différents ont existé au fil des âges. Certains existent toujours dans le giron des églises catholiques d'Orient, comme les chaldéens, d'autres ont été déclarés hérétiques comme le nestorianisme et l'arianisme. Leurs divergences provenaient généralement de différences liturgiques, difficiles à éviter dans un monde antique sans communication de masse et en absence d'instructions claires dans la Bible, et sur la nature du Christ.
Jésus purement divin ou purement humain, Jésus dans lequel cohabitaient deux entités différentes... Les interprétations étaient variées et la version "officielle" était tranchée lors des nombreux conciles qui ont rythmé l'histoire du christianisme.
Et aussi de nombreux évangiles
Les évangiles étaient également très nombreux. Les églises catholiques, orthodoxes et protestantes n'en reconnaissent aujourd’hui que quatre: ceux de Matthieu, Jean, Marc et Luc. On parle d'évangiles canoniques par opposition aux évangiles apocryphes, non reconnus et souvent totalement inusités de nos jours. Leur nombre varie selon les estimations et leur authenticité, mais on peut en compter jusqu'à une bonne vingtaine.
L'officialisation de la découverte d'un évangile selon Judas en 2006 avait par exemple fait couler beaucoup d'encre. Si ces textes peuvent nous fournir de précieux renseignements sur des communautés chrétiennes éteintes, ils ne livrent pas pour autant des révélations bouleversantes à même de faire trembler les églises.
Source : http://www.maxisciences.com/papyrus/un-papyrus-copte-evoque-un-jesus-marie_art26656.html