3e Panzerdivision SS Totenkopf
Les SS-Totenkopfverbände (SS-TV) (formations à tête de mort ou à crâne humain) sont des unités composées des gardes nazis en charge des camps de concentration de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. La Totenkopfverbände est partie intégrante de l'Allgemeine-SS avec la Schutzstaffel (SS) et la Waffen-SS.
Historique
Dès janvier 1933 les hommes de la SS furent sélectionnés sous le commandement du SS-Sturmbannführer Hilmar Wäckerle pour exercer la surveillance des camps de concentration. Theodor Eicke fera en sorte que ces SS soient soustraits de la SS. Selon lui, il s'agissait d'une "SS dans la SS".
Les SS-Wachverbände obtiennent dès 1933 dans la population le titre de Totenkopf-SS (la raison en est qu'à l'origine seuls leur uniforme et la tête de mort sur leur casquette laissaient voir qu'ils appartenaient à la SS) et sont connus pour leur brutalité, leur mystère et leur fidélité envers leur commandant de camp.
En 1934, l'unité Totenkopf, le Wachsturmbann "Oberbayern", soutient le Leibstandarte pendant le putsch de Röhm.
La même année, Eicke se voit confier l'ensemble des camps de concentrations qu'il voulait organiser selon le modèle de Dachau. Eicke et ses hommes sont alors responsables de la formation armée des SS. C'est ainsi qu'à véritablement commencé l'histoire des SS-Wachverbände. Lorsqu'en 1935/1936, la Verfügungstruppe vêtue d'un uniforme gris est censée revêtir l'uniforme feldgrau de l'armée allemande, Eicke met en place un uniforme brun pour les hommes de la Totenkopf-SS, comme celui des SA-Wehrmannschaften.
Le 29 mars 1936, les hommes de Eicke reçoivent officiellement le nom de SS-Totenkopf-Wachverbände (abrégé en SS-Totenkopfverbände). Theodor Eicke forme alors avec le personnel de surveillance des camps une SS-Sturmbanne autonome et il le fait de telle sorte que cette dernière échappe au contrôle des dirigeants de la SS. Aussi longtemps que Himmler savait que Eicke était de son côté, ce dernier pouvait faire ce qu'il désirait dans les camps. Les Totenkopfverbände passaient en général pour l'armée privée de Himmler puisqu'elles étaient responsables envers lui.
En avril 1937, Eicke regroupe les cinq Sturmbanne en trois "SS-Totenkopfstandarten". Il a alors le contrôle sur plus de 3 500 hommes. Les hommes en place à Dachau forme alors le 1er SS-Totenkopfstandarte "Oberbayern", ceux de Sachsenhausen le 2e SS-Totenkopfstandarte "Brandenburg" et ceux de Buchenwald le 3e SS-Totenkopfstandarte "Thüringen". Une école de SS-Unterführer est fondée dans le camp de Dachau tandis qu'une "Inspection des SS-Wachverbände" est installée à Orianenbourg. Ceux qui sont en service actif dans les camps portent l'uniforme brun avec la tête de mort ainsi que l'insigne du grade sur le col et un brassard portant le nom du régiment. Par contre, les membres des Totenkopfverbände qui ne sont pas en service actif dans les camps mais qui sont envoyés en patrouille ou en stage continuent à porter l'uniforme noir de la Allgemeine SS.
Bien que dans le cadre du service militaire obligatoire le fait de servir les SS-Verfügungstruppen au lieu de servir dans les rangs de la Wehrmacht était accepté, il était exclu que les membres des Totenkopfverbände servent dans la Wehrmacht - le commandement de la Wehrmacht se refusait en effet à reconnaître le service dans les Totenkopfverbände. Mais, comme certains historiens militaires ont pu le constater par la suite, le fait que le service dans les camps n'ait pas été reconnu comme service militaire a rendu le contrôle et l'influence de la Wehrmacht sur ces unités impossibles et bien des choses auraient pu être évitées par la suite. Ainsi, les Totenkopfverbände sont restées de fait plongées dans un vide légal dans le cadre duquel, Theodor Eicke a pu faire ce qu'il entendait.
Les Totenkopfverbände prennent part entre autres en 1938 à l'occupation de l'Autriche lors de l'Anschluss puis des Sudètes. Elles sont également activement en œuvre lors du début de la guerre. La SS-Heimwehr "Danzig" est formée de certaines parties des Totenkopfverbände et connaît quant à elle une modeste expérience du combat.
Le 1er octobre 1939 Eicke compose à Dachau sa "propre" SS-Totenkopf-Division : la 3e Panzerdivision SS Totenkopf. Le camp de Dachau est même évacué un moment pour servir de camp de formation militaire à sa division. Le 1er novembre la formation est accomplie et la division prête à servir.
Parcours en France
La 3e Division SS Totenkopf est engagée dans l'invasion de la France en tant que division de réserve du groupe d'armées A, sous le commandement du général Gerd von Rundstedt qui avait comme objectif la percée dans les Ardennes.
Son point de rassemblement était Korbach, situé près de Kassel.
- Le 12 mai, 1940, la division traverse les villages allemands de Wipperfürth et Neukirchen puis franchit la frontière Belge.
- Le 17 mai, la division est placée sous le commandement de XVe Panzerkorps du général Hermann Hoth.
- Le 18 mai, elle est rattachée à la 7e Panzerdivision commandée par Erwin Rommel et traverse Dinant, Solre le Château, Avesnes, Saint Hilaire sur Helpe, Taisnieres en Thiérache, Landrecies, Bazuel, Le Cateau-Cambrésis, le Canal de la Sambre à l'Oise et combats de Catillon-sur-Sambre, de L'arbre de Guise, de Saint Souplet, de Ribeauville et de Saint Martin Rivière.
- Le 20 mai, elle est à Bourlon, puis Fontaine Notre Dame, Anneux, Inchy en Artois, Mercatel.
- Le 22 mai, la division est transférée au XVI Panzerkorps ; elle installe son QG à Aubigny-en-Artois et atteint Cambrai.
- Le 24 mai, le canal de La Bassée est franchi, de violents combats seront menés durant les deux jours suivants. Devant la résistance des troupes françaises et anglaises, les SS massacrent civils et réfugiés au lieu-dit Le Quesnoy à Beuvry.
- Le 27 mai, début de l'attaque sur Béthune : les villages de Hinges et Locon tombent et les SS massacrent des prisonniers anglais au Paradis.
- Début juin elle est à Calais et participe à la Bataille de Dunkerque.
- Après Dunkerque, l'unité descend sur Saint-Pol-sur-Ternoise, Péronne, et Château-Thierry qui est atteint le 13 juin.
- Du 14 au 17 juin, la division continue par Romilly sur Seine, Troyes, Châtillon-sur-Saône, Chaumont, Langres, Dijon.
- Du 18 au 21 juin, elle poursuit sa route en passant par Chalon sur Saône, Macon, Tarare ; durant les combats de Chasselay, le 20 juin, elle massacre à nouveau des prisonniers français : leurs dépouilles sont enterrées au Tata sénégalais de Chasselay.
- Le 22 juin 1940, alors que la délégation française signe, à Rethondes dans le wagon de l'armistice, l'armistice, la colonne descend occuper Bayonne.
Crimes de guerre
- Lors de la campagne de Pologne, trois régiments des unités Totenkopf Oberbayern, Brandenburg et Thüringen à Buchenwald, chargés d'actions de pacification et de nettoyage à l'arrière du front, assassinent les membres de l’intelligentsia polonaise et les Juifs, s'attirant de vives critiques du général de la Wehrmacht Johannes Blaskowitz : « Les sentiments de la troupe envers la SS et la police oscillent entre la répulsion et la haine. Tous les soldats sont pris de dégoût et de répugnance devant les crimes commis en Pologne »10.
- 21 mai 1940, le 3e régiment d'infanterie de la Totenkopf, sous les ordres du Stubaf Lammerding et de l'Ostuf Lotz, fusille 6 personnes civiles à Mercatel, exécute 5 hommes et incendie 24 fermes à Simencourt, exécute 4 civils (dont une femme handicapée de 78 ans dans son lit) et incendie plusieurs maisons et fermes à Hermaville11.
- Au cours de la journée du 22 mai 1940, le 2e régiment d'infanterie de la Totenkopf, sous les ordres du Stubaf Bellwildt et du Gruf Eicke, tue 30 personnes à Berles-Monchel et 30 autres à Aubigny-en-Artois puis 64 personnes sont exécutées par le 1er régiment d'infanterie de la Totenkopf .
Ces actions de sauvagerie sont dues à la résistance acharnée des chars britanniques et français devant Warlus et Simencourt le 21 mai 1940.
- 24 et 25 mai 1940, le 3e régiment d'infanterie et le 3e compagnie du bataillon de pionniers de la Totenkopf, sous le commandement du Stubaf Bestmann et de l'Ostuf Siegfried Müller massacrent 48 personnes à Beuvry. En outre, plusieurs centaines de civils sont utilisés comme boucliers humains pour faire avancer les canons du 2e régiment d'artillerie SS sous le commandement du Stubaf Hermann Priess12.
- 24 mai 1940, 10 civils sont fusillés à Hinges, par le 3e régiment d'infanterie et la 3e compagnie du bataillon de pionniers de la Totenkopf sous le commandement de l'Ostuf Max Seela, en représailles de l'exécution d'un soldat SS par un soldat français.
- On peut aussi rajouter le massacre avéré de plus de 250 civils dans le nord de la France entre le 19 et le 27 mai 1940, et une étude a montré que le nombre des assassinats de prisonniers et de civils suivait la courbe des pertes de la division13.
- Massacre du Paradis, à Lestrem près de Béthune, le 27 mai 1940, durant lequel, la Totenkopf assassine une centaine de prisonniers britanniques en France, sous les ordres du lieutenant Fritz Knöchlein, condamné à mort et exécuté pour crimes de guerre après la fin du conflit14.
- Le 20 juin 1940, le massacre des soldats sénégalais qui s'étaient rendus, à Chasselay dans le Rhône15 par des mitrailleuses et pour certains écrasés par les chars d'assaut16.
- Sur le front de l'Est, elle est coupable de l'assassinat de prisonniers et de civils en Union soviétique, de la destruction et du pillage de nombreux villages russes17.
Personnalités ayant servi au sein de la division
L'acteur allemand Horst Tappert, né le 26 mai 1923 à Elberfeld (aujourd'hui Wuppertal) et mort le 13 décembre 2008 à Munich, qui s'est fait connaître à l'étranger grâce à son rôle de Stephan Derrick dans la série Inspecteur Derrick. Selon un document publié par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, il aurait intégré la 14./SS-Panzer-Grenadier-Regiment 1 Totenkopf18,
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/SS-Totenkopfverb%C3%A4nde