Aux Etats-Unis, les ovnis entrent en politique
Aux Etats-Unis, le lobby de la divulgation, qui fait pression sur le gouvernement américain pour qu’il lève le secret sur le dossier ovni, a frappé fort. Entre le 29 avril et le 3 mai, Stephen Bassett, l’un des principaux activistes de ce mouvement, à la tête du Paradigm Research Group, a organisé le «Citizen Hearing on Disclosure», (L’Audience citoyenne de la divulgation).
Pendant cinq jours, des témoins se sont succédé à la tribune du National Press Club pour relater leur rencontre plus moins rapprochée avec des engins et des créatures hautement insolites.
L’intérêt de ce colloque tient en grande partie à la qualité de certains intervenants : hauts gradés, politiques, scientifiques, anciens membres des services de renseignements US, astronautes…
Beaucoup sont des compagnons de route de longue de date de Stephen Bassett. Parmi eux, Edgar Mitchell, le sixième homme sur la Lune, convaincu que notre planète est ‘visitée’; l’inévitable Nick Pope, ancien M. OVNIs du gouvernement britannique ; le capitaine Robert Salas, qui aurait assisté à la désactivation de missiles nucléaires par un ovni sur la base de Malmstrom en 1967 et l’ancien ministre de la Défense canadien Paul Hellyer déjà auteur de déclarations fracassantes et qui, cette fois encore, a poussé le bouchon assez loin. Nous y revenons plus bas…
Mais la conférence valait aussi par son auditoire. Stephen Bassett a tenté de reproduire le décorum et la solennité d’une audience au Congrès. Pour ce faire, il a convaincu six anciens élus de tous bords de former un panel censé écouter les témoignages des orateurs et leur poser des questions, de préférence avec les sourcils froncés, signe d’un profond intérêt. Et la manœuvre a fonctionné puisque ces «Audiences», dont l’ambitieux slogan était «Si le Congrès ne fait pas son travail, le peuple le fera», ont obtenu une bonne couverture médiatique, aux Etats-Unis du moins.
Même le prestigieux ‘New York Times’ y a consacré un article qui ne suinte pas trop l’ironie condescendante que la presse sérieuse réserve d’ordinaire à ces sujets. Le quotidien cite l’ex-sénateur démocrate de l’Alaska, Mike Gravel (aujourd’hui libertarien) qui lâche : «La Terre est placée sous surveillance, et même sous surveillance rapprochée car nous aimons trop la guerre». Quant à Carolyn Kilpatrick, ancienne représentante démocrate du Michigan, battue en 2010, elle déplore : «Dans notre pays, on tourne ce sujet en dérision. Mais je suis convaincue qu’il mérite beaucoup plus d’attention. Ce n’est pas une blague : il y a des données scientifiques qui indiquent qu’il se passe quelque chose.»
Les raisons pour lesquelles ces élus ont accepté de participer au «Citizen Hearing on disclosure», au risque d’entacher leur crédibilité, sont multiples. Mais le 'New York Times' en retient deux :
1) Une saine curiosité
2) Les 20 000$ offerts à chaque auditeur issu du sérail politique pour assister aux cinq jours de conférence et poser quelques questions aux intervenants
On en ajoutera une troisième : étant donné la propagation des théories conspirationnistes dans le corps électoral américain (voir ce sondage), certains élus n’hésitent plus à leur tour à entonner la ritournelle du ‘on nous cache tout on nous dit rien’.
Mais qu’ont donc entendu les ex-représentants du peuple américain qui, pour certains, ont paru sincèrement troublés…
Voici les interventions les plus marquantes de ce comité :
-Gary Heseltine, un officier de police anglais, a créé en 2001 une base de données des observations d’ovni au Royaume-Uni par des policiers. En 12 ans, il a recensé 430 cas impliquant 900 membres des forces de l’ordre. 73% de ces observations ont été rapportées par plusieurs policiers : en avril 1984, dans le Middlesex, une vingtaine d’officiers de police a vu pendant deux heures un objet en forme de dôme projetant des «boules lumineuses» vers le sol. Cette observation a été retranscrite dans un rapport communiqué au ministère de la Défense.
-Le colonel Oscar Santa Maria Huerta, qui a servi pendant 25 ans dans l’armée de l’air péruvienne, a raconté son combat aérien avec un objet en forme de sphère évoluant à proximité de la base militaire de La Joya, à Arequipa, le 2 mai 1980. Oscar Huerta a décollé à bord de son Sukhoi 22 pour intercepter l’objet d’environ 10 mètres de diamètre, formé d’une sorte de bulbe blanc crémeux reposant sur un socle d’apparence métallique.
D’abord convaincu qu’il s’agissait d’un ballon espion, le pilote a été rapidement détrompé par les capacités de vol ahurissantes de l’objet au cours d’un «jeu du chat et de la souris» qui a duré exactement 22 minutes.
Oscar Huerta n’est parvenu qu’une seule fois à se mettre en position de tir : «Mais l’objet a semblé absorber les projectiles qui n’ont occasionné aucun dommage visible» a-t-il expliqué. Cette incroyable poursuite a été observée à distance par les quelque 1800 personnes présentes sur la base ce jour-là.
-Le témoignage écrit du major de l’US Air Force George Filer est assez similaire au précédent. A ceci près, que sa rencontre avec un ovni l’a conduit à partager la table du prince Philip, l’époux de la reine d’Angleterre. Affecté à la base de Sculthorpe, au Royaume-Uni, il a été missionné en janvier 62 avec son équipage pour aller à la rencontre d’un objet repéré par les contrôles radars londoniens entre Stonehenge et Oxford. L’objet est apparu sur l’écran de son radar embarqué à bord du bombardier KB-50 J : «L’écho radar était comparable à celui renvoyé par un porte-avion ou même par le pont de Brooklyn. Mais il était parfaitement clair avec des contours définis, indice qu’il était composé de métal. A environ 10 km du point d’interception, l’objet, dont nous pouvions voir les lumières alignées comme les feux de position d’un navire, a semblé s’animer. Il est devenu incroyablement brillant. Puis, soudain, il est parti verticalement à une vitesse fantastique.»
Quelques semaines plus tard, George Filer et son équipage ont eu la surprise de recevoir une invitation du duc d’Edimbourg qui s’est montré «chaleureux, amical et très intéressé» par leur aventure. Le prince Philip leur a confié qu’il avait déjà débriefé en plusieurs occasions des pilotes après leur rencontre avec un objet volant non identifié, rappelant que son oncle, le duc Mountbatten, avait lui-même observé de très près un ovni.
Les six représentants du Congrès ont aussi eu droit à leur lot d’anciens agents des services de renseignements, les traditionnels «whistleblowers» (chuchoteurs de secrets) faisant état de bases secrètes où seraient détenus des aliens et de technologies extra-terrestres étudiées par le Pentagone… L’ufologue Richard Dolan a ainsi présenté une vidéo de 15 minutes dans laquelle un homme de 77 ans,qui se présente comme un vétéran de la CIA assez mal en point relate une histoire digne d’un scénario de X Files, où l’on retrouve Roswell, la Zone 51, le président Eisenhower, des «petits gris», Edgar J. Hoover etc.
Des récits impressionnants mais peu étayés qui ne font qu’alimenter une approche conspirationniste du dossier ovni, plus racoleuse que constructive.
Toutefois, parmi ces intervenants, l’un d’entre eux peut se targuer d’une carrière politique qui lui assure a priori un certain crédit : le sus-nommé Paul Hellyer, ministre de la défense du Canada entre 1963 et 1967. Hellyer a fait irruption dans le monde ufologique avec un discours mémorable prononcé en 2005 à l’université de Toronto. Il y déclarait :«Les OVNIs sont aussi réels que les avions», «Le secret qui couvre toutes les questions se rapportant à l'incident de Roswell est sans précédent» «L'administration Bush a autorisé les militaires à construire une base avancée sur la lune», «Les Etats-Unis mettent au point des armes qui pourraient être utilisées contre les extraterrestres»… Du lourd, du très lourd, voire du lourdingue.
Mais le vétéran de la politique canadienne, 87 ans aux chanterelles, en a remis une couche aux ‘Audiences citoyennes de la divulgation’. Selon Paul Hellyer, les Etats-Unis travaillent en étroite collaboration avec deux races d’extraterrestres, dont les fameux grands blancs White Talls (Grands Blancs). Mais qui sont loin d’être les seuls «touristes» cosmiques. «Je pensais que nous étions visités en permanence par cinq races différentes, mais, il y a quelques jours, je suis tombé sur un document qui en dénombre au moins vingt» dit-il. Grâce à ces fructueux transferts de technologies, les Etats-Unis détiennent le secret d’une énergie libre inépuisable, gratuite et non polluante. Mais, bien entendu, pour de sombres intérêts économiques, le gouvernement américain refuse d’offrir à l’humanité cette énergie miraculeuse qui pourrait sauver la planète. Après tout, pourquoi pas…
Source : http://www.parismatch.com/Chroniques/David-Ramasseul/Aux-Etats-Unis-les-OVNIs-entrent-en-politique-515110