L'ordre des haschichins

par damino - 4839 vues - 0 com.
Crime, criminel, complot, guerre.
image du film le Sang des Templiers

Voici un article récapitulatif sur cette secte d'assassins mise en service par Hassan ben Sabbah, en me basant sur le livre de Joseph von Hammer Purgstall...


 

Les Haschichins

 

 

Beaucoup de personnes comme moi ce demande ce que c'est que cette secte ? Quelle est son origine ? je vais essayer de vous résumé cela grace au livre de  Joseph von Hammer Purgstall qui  est un spécialiste du genre.

 

 

Bien, la secte des assassins, le vieux de la montagne, toutes ces expressions résonnent dans notre esprit, si l'intérêt pour cette secte dissidente musulmane connaît un regain, c'est que les médias, depuis l'attentat meurtrier du World Trade Center, se font fort de dresser des parallèles entre les méthodes employées par la secte du XIème siècle et celles utilisées par Al-Quaïda ! Certes, il existe d'évidentes similitudes entre les deux entités en question ; l'origine sociale des deux  leaders  par exemple, les méthodes de combats...

 

Cependant on pourrait compter également le même nombre d'oppositions : nationalisme perse pour les  Assassins , internationalisme du recrutement pour Ben Laden, sanctuarisation du pouvoir en un seul lieu, Alamùt, chez les  Assassins , longue itinérance pour Al-Quaïda, meurtre politique du côté d'Alamùt, assassinat de masse chez Ben Laden... On peut finalement se demander si les méthodes utilisées par les terroristes ne sont pas toutes les mêmes : marquer les esprits en frappant lachement des innocents au yeux de tous !

 

Loin de ces conjectures journalistiques, cette modeste étude s'est donc fixée deux objectifs ; dresser un bref historique de la fameuse secte en question  en occultant les raisons des dissensions théologiques qui déjà divisent l'Islam de l'époque et tenter d'énumérer de la façon la plus exhaustive possible les sources médiévales qui parlent du phénomène.

 

 

 

La Secte des Assassins: origine

 

 

Pour appréhender ce phénomène, il est nécessaire de faire un bref retour en arrière au moment de la mort du Prophète en 632. D'après l'universitaire Bernard Lewis , Mahomet ne se sentait pas d'origine divine, mais plus simplement porteur d'un message divin : la Récitation le Coran, à sa mort, il ne laisse aucune consigne concernant sa succession, le pouvoir passe à l'un de ses fidèles, père de l'une de ses épouses, Abû Bakr qui prend le titre de Calife ou Lieutenant du Prophète et fonde de fait l'institution du Califat. Mais ce pouvoir est presque immédiatement contesté par ceux qui pensent que seul le sang du prophète peut guider les musulmans et se placent derrière Alî, le cousin du Prophète. Ainsi, à la mort de Mahomet, l'Islam naissant connaît déjà son premier schisme, celui qui va les diviser irrémédiablement entre Chiites et Sunnites ; les Chiites pensant que le recours à la famille Prophète permettrait un retour au message originel de Mahomet.

 


Plus tard, la domination des Turcs Seldjoukides allait participer à une nouvelle scission au sein de l'Islam qui comptait désormais deux grands courants eux-mêmes divisés en plusieurs tendances.

 

Les  Assassins  était une branche iranienne perse des Ismaéliens, eux-mêmes séparés des Fatimides ( qui sont des partisans de Fatima donc Chiites ) d'Egypte pour des raisons de succession. On les nomme également Nizarite, du nom de celui qui fut écarté du pouvoir fatimide égyptien, Nizar. Ces Nizârites se distinguent des Fatimides par leur hostilité à une forme de temporalité de l'Islam au profit d'une vision plus pure et idéale. Ils avaient comme ennemis les Seldjoukides  et bien sûr les Croisés...

 

 

Le Vieux de la Montagne 

 

 

Hassan Ibn Sabbah naît en Perse, en pleine région Chiite, à Qum, au milieu du XIème siècle, dans une famille de commerçants bourgeois affiliée aux Ismaéliens. C'est un brillant étudiant coranique qui ne va pas supporter le renversement théologique imposé de force par les Seldjoukides, ardents propagateurs de la foi Sunnite. Sous la nouvelle autorité turque, le Chiisme n'est plus qu'une doctrine à peine tolérée et parfois même persécutée ! Outragé au plus profond de sa foi, le jeune Hassan Ibn Sabbah se lance dans des diatribes subversives à l'égard du nouveau pouvoir seldjoukide, ce qui le force à une émigration vers l'Egypte fatimide, derniers grand bastion du Chiisme.

 

Mais la corruption qui règne au sein du pouvoir égyptien remplie le jeune Hassan d'amertume, il ne trouve de réconfort que dans la parole du Nizar, le fils aîné du Calife qui désire reprendre le pouvoir pour bouter les Seldjoukides or de Perse. Avec Nizar, ils conviennent d'un plan ; à la mort du vieux Calife, Nizar mènera les armées Chiites d'Egypte à la reconquête de la Perse tombée aux mains des Turcs Seldjoukides sunnites. Dans cette optique, Hassan Ibn Sabbah retourne en Perse pour préparer le grand retour du Chiisme victorieux. Il s'installe au coeur du massif montagneux de l'Elbrouz en s'emparant par la ruse de la forteresse d'Aluh Amut en 1090 qui deviendra le quartier général de ses fidèles.

C'est parmi les perses du nord à forte tendance ismaélienne que Hassan recruta les membres de son ordre. Il gagna les dissidents qui étaient nombreux dans cette région, grace à son charisme, mais surtout il se servit de la force du Chiisme dans une région où le Sunnisme était considéré comme un pouvoir usurpé. Cette nouvelle activité prédicatrice inquiéta le vizir turc qui donna l'ordre de le capturer ; c'est à ce moment que celui qui n'était pas encore  le vieux de la montagne   décida de trouver un quartier général imprenable, garant de sa sécurité.

 

Il arrêta son choix sur la forteresse d'Alamùt, construction inexpugnable batie à plus de 1800 mètres d'altitude sur un piton rocheux du massif de l'Elbrouz. Ce chateau était alors la propriété d'un certain Mihdi qui l'avait obtenu du sultan seldjoukide. La prise de la forteresse si fit par la ruse, il aurait d'abord converti à sa cause des villageois des alentours puis aurait investi le chateau et donné en dédommagement à Mihdi 3000 dinars-or

 

D'après le chroniqueur persan Rachîd al-Din, pendant les trente-cinq années de son règne, Hassan Ibn Sabbah ne sorti qu'en deux occasions de sa forteresses pour monter sur le toit et méditer !

Chez les Assassins , les adeptes sont classés par niveau d'instruction, de fidélité et de témérité ; l'entraînement, fondé sur l'endoctrinement et l'activité physique est intense. L'arme suprême de Hassan Ibn Sabbah est la terreur qu'il distille savamment par des meurtres nombreux et spectaculaires. Les membres sont envoyés par petits groupes assassiner la victime désignée par  le Vieux de la Montagne . L'exécution est obligatoirement publique dans le but de marquer les esprits, c'est la raison pour laquelle ces crimes politiques se passe près de la mosquée le vendredi aux alentours de midi !



Le chroniqueur musulman Ibn al-Athir raconte que le premier attentat perpétré par la secte eut lieu deux ans après la prise d'Alamùt, en 1092, sur la personne du vizir seldjoukide Nizam el Mulk et qu'aussitôt après le pouvoir se disloqua...  La voie semble ouverte à la reconquête chiite via les Fatimides d'Egypte. Cependant, la tentative de prise du pouvoir au Caire par Nizar échoue et tourne au tragique puisqu'il est emmuré vivant . Hassan Ibn Sabbah est dorénavant seul à oeuvrer dans la région pour la restauration du Chiisme, il doit faire évoluer sa stratégie et décide de maîtriser le pouvoir politique par un réseau occulte de maîtres chanteurs. Pour cela il n'hésite pas à nouer des alliances avec les croisés  En dépit de septe année de siège, le nouveau Sultan Seldjoukide ne parviendra pas à déloger les  Assassins  de leur repaire ; à la mort du  Vieux de la Montage , ses successeurs vont poursuivre son œuvre et le nom des  Assassins d'Alamùt  va résonner jusque dans les cours d'Occident ...

Le mot  Assassins  apparut la première fois dans les chroniques des croisades pour désigner une secte musulmane dominée par un mystérieux  Vieux de la Montagne , leurs mœurs et croyances les rendaient aussi abominables aux bons chrétiens qu'aux bons musulmans  C'est le rapport d'un émissaire en Egypte de l'Empereur Barberousse qui date de 1175 qui en fait première fois mention.

 

il existe une certaine race de Sarrasins qui, dans leur dialecte, s'appellent Heyssessini, et en romain, segnors de montana. Cette race d'hommes vit sans lois ; ils mangent de la chair de porc contre la loi des Sarrasins et disposent de toutes les femmes, sans distinction, y compris leurs mères et leurs soeurs. Ils vivent dans la montagne et sont pratiquement inexpugnables car ils s'abritent dans des chateaux bien fortifiés.


Le glas de leur pouvoir viendra des Mongols qui détruiront Alamùt en 1257. Ils ont un maître qui frappe d'une immense terreur tous les princes sarrasins proches ou éloignés, ainsi que les seigneurs chrétiens voisins, car il a coutume de les tuer d'étonnante manière. Dans ces palais, il fait venir, dès leur enfance, nombre de fils de paysans. Il leur fait enseigner diverses langues, comme le latin, le grec, le romain, le sarrasin et bien d'autres encore.

 


on apprend à ses jeunes gens à obéir à tous les ordres et à toutes les paroles du seigneur de leur terre qui leur donnera alors les joies du paradis parce qu'il a pouvoir sur tous les dieux vivants. Le prince donne alors à chacun un poignard d'or et les envoie tuer quelque princes de son choix.

 

Quelques temps plus tard, le chroniqueur Guillaume de Tyr mentionne la secte en quelques lignes :  Le lien de soumission et  d'obéissance qui unit ces gens à leur chef est si fort qu'il n'y a pas de tache si ardue, difficile ou dangereuse que l'un d'entre eux n'accepte d'entreprendre avec le plus grand zèle à peine le chef l'a-t-il ordonné. Nos gens comme les sarrasins les appellent Assissini ; l'origine de ce nom nous est inconnue.


D'après les minutieuses recherches effectuées par l'universitaire Bernard Lewis, c'est en 1192 que la secte frappait sa première victime chrétienne : Conrad de Montferrat, Prince de Jérusalem ; ce meurtre allait avoir un puissant retentissement dans la communauté chrétienne d'Orient en orientant nombre de témoignages de chroniqueurs sur cette étrange et dangereuse secte de fanatiques : le chroniqueur Arnold de Lübeck dit rapporter dans son texte des témoignages oraux de témoins :  Ce Vieux a, par sa magie, tellement obnubilé les hommes de son pays qu'ils ne vénèrent ni n'adorent d'autres Dieu que lui. Il les séduit d'une étrange manière par de telles espérances et la promesse de tels plaisirs dans une jouissance éternel qu'ils préfèrent mourir plutôt que vivre.

 

Nombre d'entre eux sont même prêts, sur un ordre ou un simple signe de lui, à sauter du haut d'une grande muraille et à périr d'une mort atroce en se fracassant le crane. Les plus heureux, affirme-t-il, sont ceux qui versent le sang humain et qui, en contre partie, trouvent eux-mêmes la mort. il  leur fait voir par sa magie certains rêves fantastiques, pleins de délices et de plaisirs, plutôt d'imposture, et leur promet la possession éternelle de ces biens en récompenses de tels actes. 

 

Ces trois témoignages révèlent un aspect important du mythe  Assassins , ce qui frappe l'imagination des chrétiens des croisades,  c'est le caractère fanatique de leur méthode plus que le meurtre en lui-même ! On remarque que le rapport fait à l'Empereur Barberousse est plus riche d'indications que les autres témoignages ci-dessous qui semblent eux, uniquement marqués par la dimension fanatique des  Assassins , en effet, ce texte les accuse de copuler avec leurs mères ou/et leurs progénitures, c'est une accusation que l'on retrouve dans bien des procès en sorcellerie ou en Inquisition. Ce témoignage est-il valide ou reflète-t-il une volonté de l'auteur  et donc du pouvoir impérial du St Empire  de diaboliser cette secte en utilisant un vocabulaire habituellement réservé aux hérétiques ?


Quoiqu'il en soit, bien plus tard, en 1332, un prêtre allemand du nom de Brocardus rédigea un traité pour le roi de France Philippe VI dans le but de l'éclairer dans l'entreprise de croisade qu'il rêvait d'entreprendre, ce prêtre grand voyageur met en garde le souverain contre maints dangers dont les maudits Assassins qu'il faut fuir. Ils se vendent eux-mêmes, ont soif de sang humain, tuent les innocents pour certains prix et ne se soucient ni de la vie ni du salut de l'ame. Comme le démon, ils se transfigurent en anges de Lumière, en imitant les gestes, les habits, la langue, les moeurs et les actions des divers peuples et nations ; ainsi, couverts de peaux de brebis, ils subissent la mort dès qu'ils sont reconnus.  On observe que la mise en garde du prêtre Brocardus à l'égard du roi de France est pétrie d'influence inquisitoriale.

 

En effet, on a vu plus haut dans le rapport fait à Barberousse que les  Assassins apprenaient les us et coutumes de leurs ennemis pour mieux les infiltrer et les surprendre ; dans la bouche de Brocardus, ce  talent  se transforme en diablerie dans le but certain de les apparenter à des hérétiques . A peine plus tard, le florentin Giovanni Villani raconte la façon dont un conspirateur avait fait envoyer à son pire ennemi  ses assassins venus des montagnes d'Orient .

Guillaume de Tyr relate une rencontre entre Templiers et  Assassins  où pour obtenir l'alliance du Temple Le Vieux de la Montagne  n'aurait pas hésité à provoquer le suicide de ses hommes pour prouver la qualité de son alliance aux Chevaliers du Temple.



Le vénitien Marco Polo qui aurait traversé la Perse vers 1273 livre un témoignage assez précis des coutumes des hommes d'Alamùt, cependant, la controverse qui entoure le personnage de Marco Polo et son voyage nous interdit de le prendre en considération comme les sources citées plus haut ; cependant, si Marco Polo n'a pas effectué son fameux voyage il aurait simplement été emprisonné quelque part en Orient et aurait compilé les témoignages de ses compagnons d'infortune - on ne peut qu'être troublé par la véracité de la description qu'il fait de la secte :  Le vieil homme était appelé en leur langage Aloadin. il leur faisait boire un breuvage qui les endormait aussitôt, puis les faisait emporter dans son jardin. Et quand il veut envoyer en quelque lieu un de ses Hasisins, il fait donner de son breuvage à l'un ou à l'autre de ceux qui sont dans son jardin, et le fait porter dans son palais. Et quand le Vieil veut faire occire un grand seigneur, il leur dit :  Allez et tuez telle personne et quand vous reviendrez, je vous ferai porter par mes anges en Paradis. 



Si les chroniqueurs médiévaux font mention d'un mystérieux breuvage qui rend docile les membres de cette secte, il faut attendre les études faites au XIXème siècle pour que l'on trouve une explication du vocable  Assassin , c'est à cette époque que serait née la fameuse explication relative au hachîch d'où le nom d'hachînchiyyîn, fumeur de hachich.



On ne peut qu'être surpris par le très faible nombre de sources musulmanes médiévales relatant  la Secte des Assassins , pourquoi si peu de textes ? Volonté de relative union sacré de l'Islam face à la menace franque ou peut-être les  Assassins  n'était-ils que des Chiites désirant chasser les Seldjoukides comme tant d'autres Ismaéliens de l'époque ?

Conclusion et reportage



Que doit-on penser de ces chroniques chrétiennes ? Alamùt était-elle si puissante qu'elle allait jusqu'à inquiéter les souverains jusque dans leurs chateaux de France ? Rien n'est moins sûr. Par contre, il est certain que l'hérésie était un crime parmi les plus graves et que la diabolisation d'un ennemi grace au même procédé était le garant d'un consensus contre lui. Pourtant on sait que Templiers et Hospitalier garants de la foi chrétienne tentèrent des rapprochements sporadiques et militaires avec eux.

 

L'une des explications les plus intéressantes est celle de la diabolisation de l'ennemi à outrance, dans le but de montrer à tous, et principalement au pape les difficultés de l'entreprise franque en Terre Sainte, c'est l'explication qu'avance brillamment l'universitaire Jean-Philippe Camus dans son article sur le cannibalisme chez les croisés si les chroniqueurs rapportent ces faits monstrueux c'est dans le but de montrer la dureté des conditions du combat en Terre Sainte. Curieusement, dans bien des cas, les chroniqueurs qui mettent en avant l'anthropophagie franque et le fanatisme des  Assassins  sont les mêmes ! La question demeure ouverte et passionnante : ces chroniques sont-elles fidèles à la réalité ou sont-elles d'habiles récits de propagande ...

Source : http://www.secret-realite.net/index.php?mod=articles&ac=commentaires&id=460

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